Tu doutes de toi ? Te sens rarement à la hauteur ? Tu attribues tes succès à la chance ? Tu penses qu’un jour ou l’autre quelqu’un va bien se rendre compte que tu ne mérites pas ta place et que ton incompétence sera enfin démasquée ?

Si tu as hoché la tête à la lecture de ces questions, tu souffres très certainement de ce qu’on appelle couramment le complexe d’imposture, également souvent nommé syndrome de l’imposteur, et identifié en 1978 par les psychologues cliniciennes américaines Pauline Rose Clance et Suzanne Imes – selon le terme anglophone d’origine « the imposter phenomenon ».
Tu as répondu oui à tout mais quand même, tu doutes ? Passe le test (attention, c’est en anglais !)
Selon Louise Cossette, professeure au Département de psychologie à l’Université du Québec (UQAM), il s’agit du « sentiment de ne pas avoir de compétence dans un domaine dans lequel on en a ».
Au terme de syndrome, on préfèrera cependant celui de complexe : aucune réelle pathologie à signaler ici.
A l’époque de leurs travaux, Pauline Rose Clance et Suzanne Imes n’attribuaient ce complexe qu’à des femmes démontrant des performances académiques et professionnelles remarquables. Depuis, la recherche a montré que ce phénomène ne se limitait en réalité à aucune catégorie de population. Cependant, les femmes semblent davantage exposées. Pour Hélène Lee-Gosselin, ancienne directrice de l’Institut Femmes, Sociétés, Égalité et Équité à l’université Laval, « cela témoigne du peu de reconnaissance répétée que reçoivent les femmes dans leur milieu concernant leur expertise. »
Une personnalité anxieuse ou nerveuse, la pression parentale, l’environnement ou encore une discrimination institutionnalisée sont autant d’explications au développement de ce complexe. D’après Valerie Young, experte du complexe d’imposture, « Le sentiment d’appartenance renforce la confiance. Plus vous observez de personnes qui vous ressemblent dans votre environnement, et plus vous ressentez de la confiance. A l’inverse, n’être entourée que de peu de personnes similaires peut avoir un impact négatif sur la confiance en soi ». Et d’ajouter : « En particulier si vous appartenez à un groupe qui subit des stéréotypes sur ses compétences ». Premières concernées donc, les minorités ethniques et raciales, et les femmes – surtout dans des filières scientifiques et techniques. [Traduction libre de l’anglais]
Les femmes sont souvent obnubilées par l’obligation de se montrer compétentes et de s’investir corps et âme pour décrocher un poste là où les hommes tenteront leur chance tout naturellement en croyant en leur potentiel.
Et c’est là que se situe tout le problème : le complexe d’imposture est un frein majeur à la progression de carrière. Selon une recherche récente de la banque britannique NatWest, à travers la campagne #OwnYourImposter, 60% des femmes interrogées qui ont déjà songé à monter leur entreprise ne l’ont pas fait par manque de confiance, 28% pensent que leur complexe d’imposture les a dissuadées de s’exprimer en réunion, 21% n’ont pas osé suggérer une idée innovante au travail et 26% n’ont pas réussi à changer de poste ou de carrière.
Alors comment le surmonter, afin de briser le plafond de verre ? Quatre conseils de la part de Lucinda Pullinger, DRH :
- « N’ayez pas peur des compliments. Acceptez vos accomplissements et, au besoin, notez-les. »
- « Apprenez à reconnaître les schémas de pensée autodestructeurs et remplacez-les par des affirmations plus positives. »
- « Arrêtez de croire que si vous n’excellez pas dans tous les aspects de votre travail, vous avez entièrement échoué. »
- « Prenez conscience que vous n’êtes pas la seule dans ce cas. »