Non, « vaginisme » n’est pas un gros mot. Ce n’est pas non plus quelque chose dont on doit avoir peur. Il s’agit en fait d’une pathologie qui touche des milliers d’individus dotés d’un vagin. Point positif : elle n’est pas irrémédiable. On vous en dit plus juste ici.
Trigger warning : dans cet article, nous parlons de sujets qui peuvent faire remonter des événements ou émotions traumatisantes pour certaines personnes. Soyez donc vigilantes avant de lire si vous pensez que cela peut vous affecter.

A première vue, le terme “vaginisme” n’envoie pas du rêve. Il fait même un peu peur, ce mot en -isme. Car, même sans savoir ce qu’il signifie, on se doute bien qu’il n’est pas synonyme d’une sexualité sereine et tranquille. Mais rassurez-vous, il n’est pas non plus annonciateur de la fin du monde !
Le vaginisme, qu’est-ce-que c’est ?
Le vaginisme, c’est un réflexe involontaire et incontrôlable des muscles qui entourent l’entrée du vagin. En d’autres termes, le périnée se crispe à l’approche d’un objet -qu’il s’agisse d’un doigt, d’un tampon ou d’un pénis- rendant de fait toute pénétration impossible, ou bien, très douloureuse.

Nous sommes d’accord, la pénétration n’est pas le but ultime de toute relation sexuelle. Si c’est un choix, se passer de pénétration peut même être très intéressant. Mais lorsqu’on est vaginique (terme désignant les personnes souffrant de vaginisme), le problème est que même si on souhaite vraiment être pénétrée, c’est notre corps qui nous dit non.
En effet, les causes du vaginisme sont aussi bien physiques que psychologiques : peur de tomber enceinte, de revivre une expérience traumatisante, d’avoir mal. Mais aussi de laisser l’autre entrer en soi, de lâcher prise, etc. Une attitude plus fermée vis-à-vis de la sexualité de part l’éducation reçue ou des troubles de l’identité sexuelle peuvent aussi expliquer le vaginisme. Et si le corps et l’esprit ne sont pas en lien, la sexualité peut donc s’avérer difficile. Mais nous en reparlerons un peu plus tard.
Pour l’instant, finissons sur ce qu’est réellement le vaginisme. Sachez déjà qu’il touche entre 5 à 10% des personnes détentrices d’un vagin. Vous n’êtes donc pas seule. Il en existe deux formes :
- Le vaginisme dit primaire, qui fait son apparition dès les premières relations sexuelles avec pénétration
- Et celui dit secondaire, qui arrive plus tard, souvent à la suite d’un événement traumatisant, de quelle que nature qu’il soit (agression, viol ou tentative de viol, accouchement, etc.)
On parle aussi de vaginisme total lorsqu’aucune pénétration n’est possible ou de vaginisme partiel ou situationnel, lorsque la contraction ne se produit que dans certaines tentatives de pénétration. Par exemple, vous arrivez à mettre un tampon et/ou à vous masturber avec des doigts mais dès qu’il s’agit d’un pénis ou d’un sextoy, vous « bloquez » ou vous avez mal. Malgré tout, si être vaginique empêche parfois d’avoir une sexualité épanouie, ce n’est pas non plus un frein complet.
Quelle sexualité pour les personnes vaginiques ?
Dans notre société phallocentrée, qui place la pénétration comme le Saint-Graal, le vaginisme a très longtemps été tabou. Dès les cours d’éducation sexuelle, on apprend qu’un rapport sexuel se caractérise par la pénétration d’un pénis dans un vagin. Pas facile donc pour les personnes vaginiques de confier leurs peurs à ce sujet. Beaucoup se sentent « anormales ».
Pourtant, la sexualité ne se limite pas au prisme de la pénétration. En effet, une personne souffrant de vaginisme peut avoir une sexualité tout à fait satisfaisante. “On apprend à faire du sexe sans pénétration”, explique la créatrice du compte Instagram @balancetonvaginisme. N’oublions pas que la sexualité regorge de possibilités. Et que le clitoris, seul organe dédié uniquement au plaisir, peut être stimulé de mille et une manières.

Cela étant dit, il est logique qu’une personne vaginique souhaite jouir de sa sexualité dans toutes ses formes. Et donc être capable d’apprécier une pénétration sans avoir peur d’avoir mal. “Tout ce qu’on veut, c’est être libre de choisir comment on veut faire l’amour. Avec ou sans pénétration, mais que ce soit notre choix”, confie la créatrice de @balancetonvaginisme, elle-même vaginique depuis quatre ans.

Les douleurs vaginales lors d’un rapport, aussi appelées dyspareunies, et/ou la peur réflexe empêchant toute pénétration ont en commun la mise en place d’un cercle vicieux. Ainsi, l’anticipation d’une éventuelle douleur et les stratégies pour l’éviter renforcent le blocage. Si on ajoute à cela, la pression sociétale liée à la pénétration, je vous laisse imaginer l’état d’esprit de certaines personnes vaginiques…
Quelles sont les conséquences du vaginisme ?
Outre les conséquences directes sur la sexualité, le vaginisme a aussi de profonds impacts sur le bien-être des personnes qui en souffrent. Appréhender une relation sexuelle entraîne souvent les personnes vaginiques à se refermer sur elles-mêmes et repousser toute forme d’intimité. Il leur est parfois difficile de se mettre en couple, de se lier avec l’autre, par peur du jugement, de ne pas être comprises, entendues dans leur souffrance. L’équilibre sexuel et affectif des personnes vaginiques est souvent très compliqué.
D’autre part, l’absence de pénétration dûe au vaginisme entraîne aussi des difficultés pour tomber enceinte. Il peut également compliquer la réalisation de certains actes médicaux, comme un frottis de dépistage. Être vaginique peut donc avoir des conséquences sur la santé, dans le cas où cela empêche un diagnostic médical.

Heureusement, les réseaux sociaux participent aujourd’hui à la normalisation de cette pathologie. Le compte Instagram @balancetonvaginisme a d’ailleurs été créé afin de permettre aux personnes vaginiques de s’épauler dans leur guérison. La créatrice y publie de nombreux témoignages. Son objectif : créer un espace de libre échange et de partage pour toutes les personnes souffrant de vaginisme. Sa communauté regroupe plus de 4 000 personnes.
“J’étais sur un groupe Facebook de vaginisme et je me suis rendu compte qu’il y avait énormément de personnes qui se sentaient seules. Moi, j’ai découvert le terme de “vaginisme” sur Internet car mon gynécologue était incompétent. Après, j’ai passé des jours et des nuits à faire des recherches pour en apprendre le plus possible. Aujourd’hui, je souhaite donner un peu de mon savoir”, précise la créatrice.
Car l’important quand on souffre de vaginisme, c’est bien de poser un mot sur cette pathologie pour pouvoir commencer la guérison.
Peut-on guérir du vaginisme ? Et si oui, comment ?
C’est la bonne nouvelle ! Les personnes touchées par le vaginisme ne sont pas condamnées à vivre avec pour toujours. Une rééducation est possible, avec le suivi d’un sexologue et/ou d’un gynécologue. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un auto-traitement à base de crèmes lubrifiantes et d’exercices de relaxation.
Ces exercices sont orientés vers la découverte de son corps, sa réappropriation et l’acceptation du contact. Ils se réalisent de manière progressive et régulière en commençant par passer son doigt au niveau de l’ouverture de son vagin. La personne vaginique est ensuite invitée à utiliser ce qu’on appelle des “bougies”, des dilatateurs vaginaux de tailles progressives.

Guérir du vaginisme prend du temps. C’est un processus lent mais il ne faut pas désespérer. Un accompagnement psychologique pour comprendre la raison de son vaginisme est aussi essentiel. Consulter et en parler, c’est donc la première étape vers la guérison. Car, une tentative de pénétration en dépit d’un vaginisme peut entraîner de graves douleurs qui vont souvent l’exacerber. Alors qu’il se soigne très bien dans la mesure où le diagnostic est correctement posé.
Camille Aumont Carnel, créatrice de @jemenbatsleclito, parle ouvertement de sa guérison du vaginisme sur son compte Instagram. Vous avez peut-être reconnu ses différents posts éparpillés tout au long de cet article. Mais si vous ne deviez en retenir qu’un, ce serait celui-ci :

Pour terminer, être vaginique ne signifie pas que vous êtes bizarres ou cassées, comme on peut parfois l’entendre. Vous n’êtes pas seules et cet état n’est pas définitif. Et rappelez-vous, la normalité n’existe pas dans la sexualité.