Disclaimer : dans cet article, nous parlons de contraception « masculine » et « féminine » pour simplifier la lecture, nous rappelons que tous les hommes n’ont pas de pénis et de testicules et que toutes les femmes n’ont pas d’utérus.
En 2020, la contraception pour hommes existe et ce depuis longtemps. Vous ne le saviez pas ? Et bien, moi non plus jusqu’à ce qu’on m’envoie un tweet sur Instagram cette semaine. Ce qui a, bien évidemment, déclenché une conversation et un questionnement sur la contraception masculine dans sa globalité.

(Spoiler alert : je ne suis pas en accord avec ce tweet, il m’a juste permis d’identifier un problème)
@feminist – « Arrêtons l’avortement à la source. Les vasectomies sont réversibles. Faisons en sorte que tous les jeunes hommes en aient une. Lorsqu’il est ensuite jugé apte financièrement et émotionnellement à être père, la vasectomie sera inversée. Qu’est-ce qu’il se passe ? Est-ce que l’idée de réguler le corps d’un homme t’a mis mal à l’aise ? Alors occupe toi de tes putains d’affaires. »
La contraception reste majoritairement une affaire de femmes puisque, même en couple, cette responsabilité leur incombe dans plus de 75 % des cas, et ce depuis qu’elles sont adolescentes. Pilules, stérilet, implant, anneau… ces méthodes peuvent entraîner un nombre incalculable d’effets secondaires communs : dérèglement du cycle menstruel, prise de poids, maux de tête, baisse de libido, etc. Mais aussi des effets indésirables graves qui sont, tout à coup, beaucoup moins drôles : embolie pulmonaire, thrombose veineuse profonde, accident vasculaire cérébral, etc.
Si tu ne veux pas prendre la pilule, tu n’as « que l’embarras du choix » te diras ta gynécologue. Tu peux alors utiliser une autre méthode de contraception contenant une association d’hormones (super), ou encore un stérilet super invasif pour ton petit utérus (est-ce que pour vous aussi ça a été une des plus belles douleurs de votre vie ?).
Selon les derniers chiffres de l’Institut National d’Etudes Démographiques (INED), le nombre de femmes prenant la pilule a baissé de près de 8% entre 2010 et 2013. Le scandale des pilules de 3e et 4e générations qui a éclaté en 2012 a enclenché un mouvement de défiance envers la pilule mais a également mis en avant ses effets secondaires comme la perte de libido. Le stérilet au cuivre ou hormonal devient alors plus populaire. Problème encore, les médecins retrouvent des effets indésirables similaires à ceux de la pilule mais aussi : une perte de cheveux, de l’acné, des nausées, des règles abondantes et douloureuses, etc.
On nous propose toujours une autre méthode de contraception sans même penser aux méthodes de contraceptions masculines. Sans parler qu’en cas d’échec de contraception, c’est toujours de ta faute. Alors, pourquoi ne pas plus communiquer sur le sujet et encourager les hommes à partager cette responsabilité ?

Commençons par le début…
Sache qu’une méthode de contraception, que tu aies un utérus ou des testicules, doit présenter 4 critères distincts avant d’être mise en vente : elle doit être efficace, réversible, acceptable et à faible coût.
Aujourd’hui, les 3 méthodes principales contraceptives masculines sont : le préservatif masculin, le retrait et la vasectomie. Ces méthodes sont dites « modernes » et sont totalement accessibles en France aujourd’hui, mais… les connais-tu vraiment ? Et sais-tu qu’il en existe d’autres ?
Le préservatif, la star
On ne le présente plus, le préservatif masculin est tout de même la seule méthode contraceptive (avec le préservatif féminin) permettant la prévention des infections sexuellement transmissibles.
On a tous et toute entendu les fameuses phrases : “ça me fait débander”, “j’ai moins de sensation”, ou encore “ils n’en font pas à ma taille”… A ce propos, une étude dirigée par Debby Herbenick, experte en santé sexuelle à l’Université de l’Etat d’Indiana et menée sur 1661 hommes, affirme en substance que près de 83% des hommes de leur panel sont en réalité dotés d’un organe d’une taille inférieure à celle des préservatifs standards.
Sache que refuser de porter un préservatif pour ces raisons, c’est imposer à ton ou ta partenaire ta décision au détriment de sa santé sexuelle. Les femmes portent alors la charge mentale de la contraception, en étant, rappelons-le, seulement fertiles quelques jours par mois contre 365 jours par an pour un homme.
A lire : « Life in plastic, it’s fantastic : plaidoyer pour la capote »
La technique du retrait
La fameuse technique qui consiste à retirer ton pénis du vagin avant l’éjaculation. C’est vrai, c’est simple, gratuit et sans effets secondaires… à première vue. Le retrait ne protège absolument pas d’une grossesse non désirée (et encore moins des infections sexuellement transmissibles).
Même si tu maîtrises parfaitement ton éjaculation, tu ne peux contrôler la sortie de liquide pré-séminal pendant la phase d’excitation, et celui-ci contient des spermatozoïdes. Le nombre de spermatozoïdes est faible mais peut être suffisant pour permettre une fécondation.
En théorie, le taux d’échec est de 4% (si utilisée de manière optimale) et il est de 27% en pratique… Une méthode de contraception qui est donc très peu fiable.
La vasectomie
Assez connue, la vasectomie s’adresse aux personnes qui n’ont pas, ou plus, l’intention de procréer. Ton médecin pratique cette intervention de microchirurgie en un quart d’heure sous anesthésie locale. Cela n’affecte pas ta sexualité, ta libido, ton système hormonal ou tes éjaculations (le sperme conserve la même apparence).
Cette méthode est l’une des plus efficace. Aucune méthode n’est fiable à 100%, mais la vasectomie l’est à 99,8%.On en parle pas assez !
Avant ta vasectomie, ton médecin te proposera de conserver du sperme dans le cas où la procédure n’est pas réversible (elle l’est dans 80% des cas). La cryoconservation du sperme est un procédé accessible qui permet de conserver des échantillons pour un usage futur.
La spermatogenèse, qu’est-ce que c’est ?
Selon www.contraceptionmasculine.fr : « la spermatogenèse, c’est le processus de fabrication, maturation et transport des spermatozoïdes dans les organes sexuels mâles. »
Les testicules doivent maintenir une température inférieure que celle du corps, c’est pour cela qu’elles sont suspendues dans le scrotum. Une augmentation de la température des testicules bloque la spermatogenèse sans causer de dommages ou dérèglement hormonal.
La méthode thermique
T’as compris le lien avec la spermatogenèse ? La méthode thermique consiste à augmenter légèrement la température des testicules grâce à la chaleur corporelle à l’aide d’un sous-vêtement (un slip quoi) ou autre objet adapté. C’est une méthode extrêmement efficace si elle est correctement suivie.
Le slip thermique doit être porté 15 heures par jour, de préférence pendant les heures d’éveil car la température des testicules augmente naturellement pendant le sommeil. Il doit être porté pendant 3 mois minimum afin de fonctionner correctement puis la réalisation de spermogrammes permet de constater l’effet contraceptif et de rassurer ainsi les utilisateurs et leur partenaire.
Il existe également des anneaux thermiques comme l’androswitch permettant de rapprocher les testicules du corps : une contraception totalement naturelle et thermique. Ils sont disponibles à la vente ici.
En tout cas, en jetant un coup d’oeil aux avis, les utilisateurs ont l’air RAVIS.

Qu’en est-il de la réversibilité ? La production de spermatozoïdes reprend progressivement lorsque tu arrêtes de porter cet accessoire. Même si le retour à une fertilité habituelle peut prendre quelques mois, l’éventualité d’une grossesse doit être prise en considération dès l’arrêt de la méthode.
Dans cet article, j’ai souhaité parler de contraceptions masculines qui sont considérées comme facilement accessibles en France. D’autres méthodes, telle que la contraception hormonale, sont très peu prescrites (disponible auprès de deux docteurs seulement en France) malgré le fait qu’elles aient été validées par l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais c’est un autre sujet.
Et, du coup ?
On se demande alors pourquoi les hommes, les médecins, les pouvoirs publics ou encore la société actuelle n’acceptent pas l’idée, la mise en place et la communication de contraceptions masculines ?
En plus d’être des solutions moins invasives, elles permettent de partager les responsabilités et les risques qu’elles encourent. Nous parlons d’un réel facteur de l’égalité entre femmes et hommes.
La contraception masculine existe aujourd’hui en France et devrait être une option pour chacun et chacune d’entre nous. Alors, pourquoi la contraception est plus souvent une affaire de femmes ? Malgré les évolutions de la société concernant l’égalité, le couple ou encore le sexisme, cela reste encore un sujet (trop) tabou.
Ces informations ne sont données qu’à titre informatif, elles ne remplacent pas une consultation chez un médecin.