KAHINA BAHLOUL. Première femme imame de France, cette française islamologue et théologienne souhaite réformer l’Islam vers plus d’égalité homme-femme.
De la guerre civile à la poésie soufie

Kahina Bahloul est née en 1979 à Paris d’un père kabyle et d’une mère française. Un an après sa naissance, ils décident de partir s’installer en Algérie. À la fin des années 90, elle obtient une maîtrise de droit tandis que le pays est en pleine guerre civile. Elle observe alors, impuissante, la montée de l’Islam fondamentaliste. À propos de cette période, elle écrit :
J’ai toujours eu l’image d’un dieu juste. Or, dans mon quotidien, je voyais des choses injustes notamment vis-à-vis des femmes.
En 2015, année de la mort de son père, elle décide de reprendre des études d’islamologie à Paris. Le chemin se fait alors progressivement dans la tête de Kahina : les femmes doivent se réapproprier la théologie. La même année, elle crée l’association Parle moi d’Islam. Son but : initier une nouvelle lecture du Coran, considéré par la théologienne et d’autres comme véhiculant une image misogyne.
Une mosquée inclusive et libérale
Quatre ans plus tard, Kahina Bahloul décide de se présenter auprès de la communauté religieuse pour devenir la première femme imame de France. Elle finit par être consacrée en mai 2019. Un seul obstacle : les femmes imames n’ont pas le droit, dans l’Islam, de prêcher. En janvier 2019, c’est avec l’aide de Faker Korchane, enseignant en théologie, qu’elle lance la Mosquée Fatima.
Encore à l’état de projet, ce lieu de culte où les femmes imames pourront prêcher, accueillerait femmes et hommes, converti.e.s ou non. Lors de la prière, hommes et femmes seront séparé.e.s, à cause de certaines postures de prière, comme la prosternation, qui pourraient gêner. Lors du prêche et des conférences, l’assemblée sera mixte.
Aujourd’hui, 5 193 euros ont été récoltés pour financer la mosquée sur la plateforme de paiement en ligne HelloAsso. En septembre 2019, une première conférence publique a été organisée par Kahina et Faker dans une église de la paroisse luthérienne Saint-Jean à Paris, afin d’expliquer la démarche de ce nouveau genre de mosquée. À suivre courant 2020.