L’actrice Cicely Tyson est décédée, jeudi 28 janvier, à l’âge de 96 ans. Icône afro-américaine du cinéma et de Broadway, elle a notamment marqué l’histoire par sa lutte contre les stéréotypes raciaux à l’écran.

Alors qu’elle venait de sortir son autobiographie Just as I Am : A Memoir le 26 janvier, Cicely Tyson a rendu son dernier souffle deux jours plus tard. Dans cet ouvrage, elle revient sur sa carrière qui s’étend sur pas moins de sept décennies, durant lesquelles elle a foulé les plateaux de tournage du cinéma, de la télévision ainsi que la scène de Broadway.
Une carrière remarquable
Née à New York City en 1924, la jeune Cicely a grandi à Harlem, au Nord de Manhattan. À 18 ans, elle commence le mannequinat avant d’entamer sa carrière d’actrice. Malgré des débuts difficiles durant lesquels elle est mise à la porte par sa mère qui refuse de voir sa fille poursuivre une carrière d’actrice, elle persiste. En 1963, elle devient la première vedette afro-américaine du petit écran grâce au rôle de la secrétaire Jane Foster dans la série télé East Side/West Side.
En 1973, elle est nommée à l’oscar de la meilleure actrice pour le film Sounder, de Martin Ritt, dans lequel elle incarne une mère seule devant s’occuper de son enfant pendant la Grande Dépression des années 1930.
Cicely Tyson compte pas moins de trois Emmy Awards, pour ses rôles à la télévision. Deux d’entre eux lui sont remis pour le rôle principal dans The Autobiography of Jane Pittman (1974). Le troisième lui est discerné dans la catégorie « Meilleure actrice dans un second rôle » pour l’adaptation télévisée du livre Oldest Living Confederate Widow Tells All.
Après une pause d’une trentaine d’années, son retour sur les planches de Broadway en 2013 avec la pièce The Trip to Bountiful (Mémoires du Texas, en Français) lui vaut un Tony Award. L’actrice était d’ailleurs allée au Texas pour incarner au mieux son rôle.
Plus récemment, on a pu voir l’actrice jouer dans La couleur des sentiments (2011) ou dans la série How to get away with murder (Murder en version française) où elle incarnait la mère d’Annalise Keating, une avocate de la défense au parcours sombre.
Enfin, en 2018, un Oscar d’honneur lui est décerné par l’Académie pour l’ensemble de sa carrière. Elle devient alors la première femme afro-américaine à recevoir cette distinction.
Une icône pour la communauté afro-américaine
Tout au long de sa carrière, elle fait de la lutte contre le racisme une priorité et se bat contre les stéréotypes raciaux à l’écran. Cet engagement s’est notamment traduit par des refus catégoriques de l’actrice lorsqu’on lui proposait des rôles qui perpétuaient des clichés, comme ceux de domestiques ou de prostituées.
«Si un rôle ne portait pas de message, je n’y voyais pas d’intérêt. J’ai besoin de savoir que j’ai eu une certaine utilité », affirmait-elle dans une interview en 1983.
Plusieurs prix lui ont été décernés pour son engagement. L’un des plus prestigieux est probablement la médaille présidentielle de la liberté qui lui a été remise en 2016 par Barack Obama. « Cicely Tyson n’a pas juste eu du succès comme actrice, elle a façonné le cours de l’histoire », avait déclaré ce dernier durant la cérémonie.

En effet, l’actrice, par son courage et sa persistance, a ouvert la voie à toute une génération d’actrices racisées. Dans une publication Instagram, l’actrice Viola Davis qui a notamment incarné la fille de Cicely Tyson dans la série Murder, partage son amour et son admiration pour la défunte. « Tu étais tout pour moi ! Tu m’as fait me sentir aimée, appréciée et valorisée dans un monde qui invisibilise toujours les filles à la peau noire. Tu m’a donné la permission de rêver […] ».