Reportage photo : l’hommage des colleureuses aux victimes du féminicide de Polytechnique

Le 6 décembre 1989, Marc Lépine fait feu sur vingt-huit personnes et tue quatorze femmes dans une université au Québec. Connu comme le premier féminicide de masse du Canada, cet évènement marquera profondément les esprits. Trente et un ans plus tard, les colleureuses de Montréal ont rendu hommage aux victimes en placardant leurs noms sur les murs de la ville.

20 minutes de terreur

Montréal, 6 décembre 1989. Marc Lépine entre dans une salle de l’École Polytechnique, tire un coup de feu dans le plafond et ordonne : « Séparez-vous : les filles à gauche, les gars à droite ! ». Il fait alors sortir les garçons.

Face à neuf étudiantes, il leur demande :

« Savez-vous pourquoi vous êtes-là ? 

— Non, répond l’une d’elles.

— Je lutte contre le féminisme. »

Il ouvre le feu tuant six des neuf étudiantes et blessant les trois autres.

Il traque ensuite les femmes dans l’université. Après une vingtaine de minutes de carnage, Marc Lépine poignarde une étudiante blessée au sol avant de se suicider mettant ainsi fin à la tuerie.

À lire : Les autres victimes de Marc Lépine, La Presse

« Les féministes ont toujours eu le don de me faire rager »

Malgré sa lettre de suicide mentionnant noir sur blanc ses intentions, la presse a longtemps hésité à qualifier ce massacre d’antiféministe. Dans son texte, Marc Lépine cite 19 femmes qu’il aurait souhaité tuer, mais « le manque de temps à permis que ces féministes radicales survivent » comme il l’explique lui-même.

La police refuse de rendre publique la lettre de Marc Lépine, mais diffuse la liste contenant les 19 noms.

Francine Pelletier, journaliste, découvre que son nom y figure et se bat pour avoir accès à la lettre. Elle en reçoit une copie anonymement quelques jours avant le premier anniversaire de la tuerie et la publie dans le quotidien La Presse.

Trente ans après les évènements de 1989, la ville de Montréal modifie la plaque commémorative posée en 1999 mentionnant une « tragédie survenue à l’École polytechnique »pour qualifier l’attentat d’« attaque antiféministe ».

A voir : Polytechnique, réalisé par Denis Villeneuve (2009)

En hommage à Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte, les colleureuses du collectif Collage féminicide Montréal ont réalisé une fresque avec leurs noms afin que ceux-ci restent gravés dans nos mémoires.

Les noms des victimes peints et rangés dans l’ordre alphabétique attendent d’être collés
Préparation
Première lettre
La misogynie…
Débarcadère du Théâtre ESPACE GO
On ne nait pas femme, on en meurt
Deux colleuses, la nuit tombée
La misogynie tue
septième prénom
06/12/1989
Signature des colleureuses
Fresque commémorative en hommage aux 14 victimes du féminicide de Polytechnique
À la mémoire des 14 victimes du féminicide de Polytechnique

Un reportage photo de Nina Gibelin Souchon.

À lire : Au Canada, tuer au nom de la misogynie est un acte terroriste

Mahé Cayuela
Mahé Cayuela

Étudiante en journalisme à l’Université du Québec à Montréal, franco-argentine ayant grandi en Turquie je suis passionnée de géopolitique internationale.
Sinon je suis phobique des agrumes, en particulier des citrons.

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