Les mexicaines prennent le pouvoir : manifestations et occupations de bâtiments consacrés aux Droits Humains

En ce début de mois de septembre, une vague d’actions féministes se développe au Mexique. Son message principal : l’État ne fait rien pour protéger les femmes des violences machistes, sexuelles, conjugales, et donc, des féminicides. 

Depuis le 4 septembre 2020, des activistes de différents collectifs féministes occupent le siège de la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) à Mexico. Cette institution publique et autonome, largement controversée dans le milieu international,  est normalement le théâtre, entre autre, des dépôts de plaintes de femmes victimes de violence. Il permet de faire passer une recommandation jusqu’aux institutions de justice et de faire valoir aux victimes leurs droits. En parallèle de cette occupation, des manifestations ont lieu à travers différentes villes du pays, comme Ecatepec, l’une des villes du Mexique où le nombre de féminicides est le plus important. Au Mexique, les violences conjugales, patriarcales et le machisme tuent 11 femmes tous les jours. Toutes ces actions ont été photographiées par Andrea Murcia, une photo journaliste Mexicaine. 

L’occupation de la Commission Nationale des Droits Humains à Mexico (CNDH)

Depuis quelques jours, des collectifs féministes et des mères de victimes occupent le siège de la CNDH, rebaptisé “Casa de Refugio Ni Una Menos” (“Refuge “Pas une de moins”, slogan né en Argentine et qui se développe dans toute l’Amérique Latine). Cette occupation est une action coup de poing afin de  mettre l’Etat mexicain face à  son inaction politique et judiciaire dans le cas des  violences faites aux femmes. 

Leur “arme” principale est la peinture, et les messages qu’elles écrivent sur les murs et sur des tableaux représentant des chefs d’État Mexicains. On peut y lire  “Nous ne pardonnons ni n’oublions !”, “Nous allons mal”, “Mettez-vous au travail” ou encore admirer des personnalités comme l’ancien président Francisco I Madero grimées en icônes pop-punk.

Andrés Manuel Lopez Olbrador, Président du Mexique, a réagi suite au buzz que la dégradation des tableaux a engendré :  “Vous ne pouvez pas combattre la violence par la violence.” Plusieurs mères de survivantes ont rapidement répondu dans les médias : 

Cette peinture, ces lèvres, ces fleurs ont été peintes par ma fille qui a été abusée sexuellement lorsqu’elle avait 7 ans. Je ne veux pas savoir comment le Président est scandalisé par ce qui est arrivé au tableau. Pourquoi n’est-il pas scandalisé par la maltraitance qu’à vécu ma fille ?

En plus de la dégradation des tableaux et d’autres éléments du bâtiment, ces militantes  en ont bloqué l’entrée, ne permettant l’accès qu’à d’autres femmes. Le CNDH devenu “La Casa Refugio”  accueille des femmes en détresse venues de tout le Mexique pour chercher une aide, une oreille attentive, un soutien. Sur place, elles peuvent déposer un dossier et repartir avec un colis alimentaire. Même si la plupart ont conscience que ce sont les histoires les plus médiatisées qui finissent en Justice, elles ne perdent pas espoir. Selon une source de Mediapart, les militantes féministes auraient réussi “un forcing du canal de communication” pour déposer officiellement les requêtes déposées au Refugio depuis l’occupation.

Ailleurs, des mouvements grandissants mais réprimés 

À Ecatepec de Morelos, toujours au Mexique, le soutien aux mouvements de lutte contre les violences faites aux femmes a débuté par quelques manifestations, puis par l’occupation d’une antenne locale du  CNDH de l’État de Mexico. À leur tour, elles en ont fait un refuge, et ont fait passer de nombreux messages via des tags sur les murs du bâtiment.

Cependant, le 12 septembre 2020, les militantes féministes occupant  le bâtiment ont été expulsées, arrêtées puis retenues au centre de détention d’Atizapán de Zaragoza. Leurs proches n’ont pas eu de nouvelles pendant plusieurs jours, alors que parmi les activistes arrêtées, plusieurs étaient mineures. 

La semaine précédente, une manifestation contre les violences policières à Juárez, dans l’État de Chihuahua, s’était terminée avec 28 femmes arrêtées, dont plusieurs également mineures. La police avait dispersé violemment les manifestantes. 

En Août, à Léon, dans l’État de Guanajuato, une manifestation contre le harcèlement sexuel s’était également finie avec une vingtaine de personnes arrêtées, et des accusations d’harcèlement sexuel contre les policiers de service. Le maire de la ville avait présenté ses excuses.

Maud Pajtak
Maud Pajtak

En plein cheminement universitaire en Information et Communication pour devenir journaliste, j'ai découvert le projet Potiches et m'y suis engagée.

Depuis plusieurs années, je m'implique dans une association d'artistes qui a pour but diffuser les valeurs de la culture hip-hop.
Je me suis intéressée au féminisme depuis un coup de cœur pour les Playmobil vikings de mon grand frère. J'aime manger italien et danser sur tout style de musique.

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