JO de Tokyo une parité revendiquée qui laisse encore à désirer

TW : par souci de cohérence avec le sujet, cet article parle binairement d’athlètes hommes/femmes ainsi que de catégories féminines/masculines car c’est de cette manière que les disciplines et sportifs sont représentés aux Jeux Olympiques. Un article sur le sujet des personnes transgenres aux JO arrive bientôt !

Les Jeux Olympiques de Tokyo auront lieu cet été du 23 juillet au 8 août. Pendant deux semaines, 205 pays vont faire la course à la médaille. Une édition annoncée sous le signe de la parité. Coup de com’ ou coup de tête, Potiches a décidé de regarder de plus près ces Jeux et de vous en dire un peu plus sur l’événement sportif le plus suivi dans le monde.

Il reste moins de 100 jours avant le lancement des Jeux Olympiques d’été 2021. Initialement prévues l’année dernière, les épreuves de ce rendez-vous sportif international se tiendront à Tokyo du 23 juillet au 8 août. Au programme, des athlètes en short et des heures de sports que tu pourras regarder sans bouger de ton canapé. Une aubaine pour celles qui, comme moi, culpabilisent devant les story de leurs potes qui font du yoga tous les matins et un footing en fin de journée.

Je ne sais pas pourquoi, mais les JO ont toujours créé chez moi une sorte de fascination. Déjà, la cérémonie d’ouverture. Ce moment bien badass où tu regardes avec des étoiles dans les yeux ton petit écran de télévision. C’est souvent l’occasion pour le pays d’accueil de faire péter les dollars et de justifier des factures d’ingé-son bien épaisses. Ensuite, il y a cette sorte de fierté nationale quand ton pays gagne une médaille. En France, on est généralement meilleur l’été que l’hiver (21 médailles d’or pour 11). A chaque victoire, je me dis “Ah ouais, c’est classe quand même”. Enfin tout ça, c’est surtout les deux premiers jours. Parce qu’en vrai, je suis assez vite fatiguée du sport en perfusion toutes les heures. 

Il paraît que c’est une année particulière pour les Jeux Olympiques. Au-delà du fait que le logo soit particulièrement moche, ce sont des Jeux organisés sous le signe de la parité “parfaite”. 18 disciplines sur 339 sont mixtes et 48,8% de femmes représenteront leur pays. Alors avec Potiches, on s’est demandées comment fonctionnait cette parité et si tout le monde jouait franc jeu.

Vidéo de communication pour les JO de Paris 2024, eux aussi placés sous le signe de la parité

On tape sur les doigts du CIO

Le 8 mars 2021, le Comité International Olympique (CIO) et le comité d’organisation de Tokyo 2020 publient un communiqué de presse titré “Tokyo 2020 : premiers Jeux Olympiques de l’histoire à respecter le principe de l’équilibre entre les sexes”. 

A gauche : Hiroshi Sasaki, ancien directeur artistique des JO. A droite : Naomi Watanabe, présentatrice et comédienne

Dans cette courte publication, les institutions olympiques ont décidé de “réitérer leur engagement à faire des JO un jalon en matière d’égalité des sexes”. Si le terme “réitéré” est utilisé, ce n’est non pas parce que les Jeux précédents étaient paritaires mais parce qu’en mars 2021, un scandale pousse à la démission le directeur artistique des JO. Hiroshi Sasaki avoue avoir insulté et moqué la présentatrice nippone Naomi Watanabe à qui il avait suggéré de se déguiser en porc pour la cérémonie d’ouverture. Suite à cette polémique, le comité d’organisation des JO de Tokyo crée un conseil de la parité. A noter que ce dernier est présidé par Fujio Mitaria, le président de Canon. Un homme donc et âgé de 85 ans.

Le CIO est l’un des trois piliers majeurs des Jeux Olympiques avec le Comité National Olympique et les Fédérations Internationales. Considéré comme “l’autorité suprême”, c’est lui qui choisit les villes hôtes, qui négocie les partenariats et supervise la programmation des Jeux. Lorsque l’on jette un œil à la composition du CIO, on grince des dents. Sur 105 membres actifs, seulement 37 sont des femmes. Pourtant, l’un des rôles de l’institution olympique, rédigé dans sa Charte, est “d’encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en œuvre le principe de l’égalité entre hommes et femmes”.

Du coup, la parité, ce sera pour les épreuves

Côté calendrier des JO de Tokyo, celui-ci est décrit comme “inédit” par le CIO. L’événement devrait rassembler 5 440 hommes et 5 176 femmes. C’est une des prérogatives exigées par les 206 Comités Nationaux Olympiques (CNO). Ce sont eux qui décident de l’inscription ou non des sportif⋅ves proposé⋅es pour les JO. Selon leurs nouvelles consignes, chaque équipe olympique devra présenter une femme et un homme.

Mascottes officielles et genrées des Jeux Olympiques de Tokyo

Sur 339 épreuves, 18 sont mixtes, et la totalité des 33 sports présentés auront une catégorie féminine et masculine. Pour honorer la parité, les JO, un peu poussiéreux, ont été secoués dans tous les sens. De nouvelles épreuves ont été créées quand d’autres, purement masculines, ont été supprimées. C’est le cas de la boxe par exemple. Deux catégories ont été remplacées pour intégrer celle des poids plumes (-57 kg) et poids mi-moyen (-69 kg). Le tir à l’arc, quant à lui, est devenu une compétition par équipes mixtes. 

Pour ce qui est de la cérémonie d’ouverture, les pays participants sont “encouragés à faire porter leur drapeau par deux athlètes, une femme et un homme”. Une consigne qui reste de l’ordre de l’encouragement et qui n’oblige en vérité aucun pays à le faire. Cependant, la France, a pris à coeur cette proposition est a déjà décidé que ce seront bien deux personnes de sexes différents qui porteront le drapeau tricolore sur la pelouse du Stade olympique de la capitale japonaise. Douze athlètes, dont sept femmes et cinq hommes, se sont portés candidats. 

Si ces progrès sont à saluer comme une intégration des enjeux sociétaux actuels cela n’en reste pas moins les prémices. La normalité ne devrait pas être “inédite”, “exceptionnelle” ou “à souligner”. Dans un monde idéal, les institutions ne se féliciteraient pas d’avoir dans leurs rangs autant de femmes que d’hommes et les médias ne les applaudiraient pas. Alors la véritable parité n’existera vraiment que quand nous aurons fini de lui donner un nom. Et que nous ne soulignerons plus l’équilibre normal de notre société. A méditer !

Illustration : Jade Bourgery

Jade Bourgery
Jade Bourgery
Co-fondatrice de Potiches, j'ai fait l'école de journalisme de l'ESJ, travaillé pendant un an à Mediapart et je pige pour plein de médias très cool. Mes dadas : les inégalités femmes/hommes, l'écologie et le monde du streaming. En secret, je suis passionnée de polar, j'écoute en boucle "Holding out for a hero" de Bonnie Tyler et je suis tatouée de partout.

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