
La Commission pour le Statut des Femmes de l’État de Hawaï, en collaboration avec le département des services sociaux de ce même État a publié le 14 avril 2020, un dossier qui démontre son projet de relance économique féministe. Suite à la crise due au COVID-19, ces deux organisations refusent d’adopter une politique de relance économique qui laisserait de côté l’égalité des genres. La nécessité de redresser l’économie offre à Hawaï l’opportunité de mettre en place un système permettant cette égalité.
Ce dossier propose un plan de reprise économique qui place l’égalité des genres en son centre, et prouve ainsi la possibilité de mise en oeuvre de politiques qui allient économie et féminisme.
Répondre au plan initial de relance économique de Hawaï
La stratégie de redressement économique post-COVID proposée par l’homme d’affaire Alan Oshima est réactive, mais néglige certains aspects sociaux, qui sont pointés dans ce dossier.
Le comité dont la tâche est de mettre en place un projet de reprise économique est composé de membres représentant l’État, l’industrie et des ONG qui consacrent leur travail aux droits des Hawaïens de souche, et aux sans-abri. La commission pour le statut des femmes de Hawaï pointe le manque d’inclusion de ce comité dû à l’absence de représentation du genre féminin, de ses droits et de ses organisations.
Concernant la stratégie proposée par ce comité, la Commission pour le Statut des Femmes souligne l’absence de considération de problématiques liées à l’enfance, au soin des personnes âgées, et à la condition des femmes.
Redresser l’économie de l’État en améliorant la condition des femmes
Dans un premier axe, la Commission effectue différentes recommandations concernant les réponses que l’État est en mesure d’apporter face à des problématiques telles que le chômage, les restrictions économique, ou encore l’augmentation des recettes et la baisse des dépenses. L’idée principale de cet axe est de déconseiller les politiques d’austérités et l’augmentation des mesures fiscales.
Pour cela, il est recommandé de ne pas réduire le budget alloué aux services sociaux (cela inclut par exemple les services consacrés aux violences domestiques). Pour pallier les pertes causées par la crise, la Commission propose de tirer profit des fonds d’urgence qui sont à la portée de Hawaï. Il existe aux États-Unis la possibilité pour les États d’emprunter des fonds en cas de crise de santé publique.
Dans un second axe, la Commission démontre que l’économie sur laquelle Hawaï est basée est celle du tourisme, qui est tout particulièrement menacée et qui le sera encore lorsque le confinement sera levé. Elle propose donc une refonte de cette base en suggérant la mise en place de programmes permettant le financement de reconversions et d’entreprenariat, l’accessibilité pour les femmes et les genres minoritaires à des postes globalement masculins, et la stimulation d’une économie alternative et durable.
Financer l’égalité des genres à court-terme
La Commission pour le Statut des Femmes de Hawaï propose ensuite une répartition du budget de l’État afin de financer l’égalité des genres à court et long-terme.
Les publics prioritaires pour la réception d’aides économiques sont les soignantes, les publics à risques comme les travailleuses du sexe, les migrantes, les travailleuses domestiques, les femmes en situation de handicap et les femmes âgées. Il est également conseillé de fournir des logements pour les femmes sans-abri, les victimes de violences conjugales, d’abus sexuels et pour les jeunes LGBTQ.
Refondre l’économie pour permettre l’inclusion
La répartition du budget de l’État à long-terme proposée par le dossier constitue une refonte, une diversification et une pérennisation de l’économie Hawaïenne tout en permettant l’inclusion de publics laissés pour compte dans le système actuel.
Pour ce faire, la Commission suggère une restructuration de l’économie de Hawaï par la réorientation des budgets les plus conséquents (comme l’armée) vers des secteurs économiques moins polluants et vers des projets sociaux, le rééquilibrage du rôle du tourisme, et la redirection des nouvelles constructions pour une plus grande accessibilité au logement. Elle propose également de saisir les opportunités permettant une économie et des revenus plus durables. Par exemple, l’État est en mesure de créer des programmes pour le développement des emplois écologiques.
Par ailleurs, dans le même but, la Commission pour le Statut des Femmes de Hawaï propose la construction d’un système d’aides sociales à la santé, à l’éducation et à la garde d’enfants. L’investissement dans des fonds sociaux à long terme permet de réduire le chômage, d’alimenter la croissance et d’entretenir l’égalité des genres. Pour réduire le déficit de soins pour la maternité et les naissances dans les zones rurales habitées par des minorités, le dossier indique la possibilité de mettre à profit le rôle des sage-femmes et de faciliter leur exercice, en réduisant notamment les frais que leur service représente. D’autres propositions ont été réalisées pour réduire les inégalités économiques, la plus notable étant l’augmentation du salaire minimum pour les mères célibataires, en avançant la somme de 24,80$ de l’heure.
Enfin, la Commission recommande le combat des violences sexistes par l’intervention immédiate de l’État et la possibilité d’un rétablissement de la victime à long terme.
Ce plan de relance de l’économie féministe en réponse à la crise due au COVID-19 dépasse les simples politiques économiques actuelles et s’étend vers des problématiques sociales et écologiques. En investissant dans et pour sa population, l’État de Hawaï ne relancerait pas uniquement son économie, il la transformerait vers une forme durable et réduirait considérablement les inégalités creusées par la crise.