La nouvelle n’a pas vraiment fait les gros titres et pourtant, elle est porteuse d’espoir. Génération Égalité, la campagne mondiale pour l’égalité des genres organisée par l’ONU Femmes – qui devait initialement se tenir en 2020 – va débuter aujourd’hui à Paris.

Les jeunes veulent rendre le monde meilleur selon l’étude Millenial Survey 2020 menée par Deloitte et parue en septembre 2020. Si la crise de la Covid-19 a mis l’écologie au cœur de leurs préoccupations, les générations X et Y s’engagent également pour l’égalité et le monde semble vouloir leur emboîter le pas. Organisé par l’ONU Femmes et co-présidé par la France et le Mexique, le Forum Génération Égalité commence aujourd’hui à Paris.

Pour son lancement, Emmanuel Macron accompagné d’Elisabeth Moreno (secrétaire d’État à l’Égalité des femmes et des hommes), recevront quatre personnalités féministes : la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris (présente en visio), la militante irakienne Nadia Murad (prix Nobel de la Paix), le gynécologue congolais Denis Mukwege (prix Nobel de la Paix) et l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, déjà présente en 1995 et qui avait marqué les esprits avec un discours puissant.
Vingt-six ans après
C’est en 1995 à Pékin que s’est tenue la dernière conférence mondiale en faveur des droits des femmes. Y avait été adoptée à l’unanimité par 189 pays la Déclaration et le programme d’action de Beijing. Ce document, considéré comme le principal en matière de politique internationale du féminisme, avait pour but de promouvoir la femme et l’égalité des genres dans 12 domaines :
- Les femmes et la pauvreté
- L’éducation et la formation des femmes
- La santé des femmes
- Les violences faites aux femmes
- Les femmes dans les conflits armés
- Les femmes et l’économie
- La prise de décision pour les femmes
- Les mécanismes institutionnels pour la promotion des femmes
- Les Droits fondamentaux des femmes
- Les femmes dans les médias
- Les femmes et l’environnement
- La jeunesse des femmes
Vingt-six ans plus tard, après #MeToo et #BalanceTonPorc, après les affaires Harvey Weinstein et Valérie Bacot, alors que la pandémie mondiale a mis en lumière de nombreuses inégalités tout en devenant le théâtre de féminicides toujours plus nombreux à travers le monde… Le combat pour l’égalité et les droits des femmes est bien loin d’être terminé.
En effet, dans un rapport publié le 31 mars 2021, le Forum économique mondial a estimé qu’une génération entière avait été perdue à cause de la Covid-19 et qu’il faudrait désormais attendre 2155 pour espérer une égalité des genres globale – contre 2118 avant Covid.
Objectif 2030
A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’ONU Femmes a fait état de progrès, notamment en termes de scolarité. Aujourd’hui les jeunes filles scolarisées à travers le monde sont de plus en plus nombreuses. Beaucoup de pays ont d’ailleurs atteint la parité dans l’éducation, sauf dans les domaines des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). Mais l’inégalité salariale, le manque d’accès aux soins, les violences faites aux femme et la très faible représentation des femmes en politique (entre autres choses) restent une réalité aggravée par la crise sanitaire.
En 2021, cinq jours après une Marche contre les féminicides organisée à Paris par le collectif Collage Féminicides Paris, que peut-on espérer de ce Forum international ? Pour les organisatrices·eurs, l’objectif est clair : que ces trois jours de conférence permettent d’accélérer les progrès en matière d’égalité à travers le monde avec, en point de mire, 2030.
Pour ce faire, tous les pays ont été invités à participer à la condition qu’ils s’impliquent réellement. « Chaque État, institution ou entreprise devra faire une annonce très concrète, qu’elle soit politique, législative ou financière », a expliqué Delphine O, ambassadrice et secrétaire générale du Forum.
Pour Emmanuel Macron, que certain·e·s qualifient désormais de « maître du féminisme washing », Génération Égalité est l’occasion de relancer sa « grande cause du quinquennat ». Au programme des débats pour la France : facilité l’accès à la contraception, à l’avortement et à l’éducation.
L’Elysée a également déclaré vouloir « contribuer à la protection des défenseurs des droits » des femmes… L’indispensable selon les associations féministes ? L’argent. Avant la crise sanitaire, le gouvernement avait affirmé vouloir doubler en 2020 le budget consacré à l’égalité femmes-hommes en France. 1,116 milliards dont l’égalité aurait bien besoin.
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