Après quatre ans d’un long combat, Evelyn Hernandez a été définitivement acquittée par le tribunal du Salvador le 8 juin dernier après avoir été condamnée à 30 ans de prison pour sa fausse-couche.
Une urgence obstétricale devenue un homicide aggravé
En 2016, Evelyn Hernandez, jeune salvadorienne de 18 ans, tombe enceinte suite à un viol et accouche d’un bébé mort-né dans des toilettes, elle est dénoncée par l’hôpital où elle est conduite avant d’être arrêtée. Commence pour elle un véritable calvaire dans un pays, le Salvador, où l’avortement est interdit et fortement puni par la loi. En juillet 2017, elle est condamnée à 30 ans de prison pour homicide aggravé avec préméditation.
Après 33 mois passés en prison, en février 2019, le tribunal décide d’annuler cette décision. Cependant, l’accusation décide de faire appel, un deuxième procès est organisé en août 2019. Cette fois-ci le chef d’inculpation change et Evelyn est accusée d’homicide aggravé par négligence, elle encourt 40 ans de prison.
Une lueur d’espoir pour les droits des femmes au Salvador

Le deuxième procès a lieu en août 2019. Devant le tribunal, de nombreuses femmes membres de collectifs sont présentes pour la soutenir. Le 19 août, la décision est rendue par le juge, qui estime qu’il n’y a pas de moyen pour prouver le délit, ainsi il prononce l’acquittement d’Evelyn Hernandez. Après un nouvel appel du parquet général, l’acquittement définitif est enfin prononcé ce 8 juin 2020, bien que la Fespas (Fondation d’Études pour l’application du droit) précise qu’un recours en cassation est toujours possible.
C’est une première victoire pour les droits des femmes au Salvador. Après avoir longtemps clamé son innocence, Evelyn Hernandez, très éprouvée, se dit très heureuse de cette décision.
De nombreux collectifs ainsi qu’Amnesty International continuent de se mobiliser pour réclamer “que le Salvador mette un terme une bonne fois pour toutes à la pratique discriminatoire qui consiste à réprimer pénalement les femmes, en abrogeant les lois draconiennes du pays interdisant l’avortement.”
Selon Amnesty International, en 2019, au moins 19 femmes ayant subi une urgence obstétricale étaient toujours en prison ou en cours de procédure pénale.