« Buying Myself Back : When does a model own her own image ? », l’essai révélateur d’Emily Ratajkowski

En français, « Se racheter soi-même : Quand est-ce qu’une mannequin contrôle sa propre image ? » est un essai rédigé par la mannequin et actrice Emily Ratajkowski et publié dans le New York Magazine le 14 septembre 2020, dans lequel la jeune femme se confie sur les abus qu’elle a rencontré au cours de sa carrière.

Emily Ratajkowski
Photo : Emily Ratajkowski – The Cut

« Je suis devenue plus habituée à me voir au travers de l’objectif des paparazzi que dans le miroir. J’ai appris que mon image, mon reflet, n’est plus à moi » confie-t-elle dans son texte. A travers plusieurs anecdotes de son parcours, la mannequin décrit donc les difficultés auxquelles elle a dû faire face en tant que personnalité publique, dont l’image génère du profit.

Un sentiment d’injustice

Le texte commence par une histoire étonnante dans laquelle Ratajkowski raconte qu’elle a été poursuivie en justice après avoir reposté une photo d’elle-même, prise par un paparazzi alors qu’elle sortait de chez le fleuriste. Son avocate lui confirme par la suite que, bien qu’elle soit le sujet du cliché, elle ne peut pas utiliser la photo comme elle l’entend. Le paparazzi invoque une violation des droits d’auteurs, car elle n’a pas mentionné son nom en utilisant l’image. En quelques paragraphes, le ton est donné.

La portion de texte suivante concerne une exposition de l’artiste Richard Prince. Il y a quelques années, celui-ci affiche dans une galerie d’art, des toiles sur lesquelles on peut voir des publications Instagram, que l’artiste a commentées. L’une des œuvres est une publication d’Emily Ratajkowski qui sera vendue à un collectionneur pour la somme de 80 000 dollars US. 

« Je gagne ma vie en posant pour des photographes et je trouvais ça étrange qu’un artiste prestigieux qui vaut bien plus d’argent que moi soit capable de s’approprier une de mes publications Instagram et la vendre comme si elle lui appartenait » 

écrit-elle en précisant qu’elle avait été rémunérée à hauteur de 150 dollars pour cette séance photo.

Des abus perpétrés par le photographe Jonathan Leder

La dernière histoire, et sans doute la plus traumatisante, concerne le photographe Jonathan Leder. En 2012, Ratajkowski, au début de sa carrière, est envoyée par son agente chez le photographe pour apparaître dans un magazine appelé Darius. Durant la soirée, le photographe lui sert beaucoup de vin, la photographie au polaroid en sous-vêtements, puis nue. La jeune femme ne se pose pas de questions jusque-là, elle souhaite paraître la plus professionnelle possible. Dans son texte, la mannequin explique que la soirée s’allonge, la maquilleuse part se coucher et elle reste seule avec lui. Alors qu’ils discutent sur le canapé et qu’elle se sent déjà ivre, il abuse d’elle. « Ce qui est arrivé après est flou, excepté la sensation. Je ne me rappelle pas qu’on se soit embrassés mais je me souviens de ses doigts soudainement en moi. » Elle le repousse et il sort de la pièce sans rien dire. Le lendemain, elle repart sans un échange sur la scène de la veille.

Dans la suite de son essai, elle raconte que plusieurs années après cette séance photo, elle reçoit des messages de médias voulant offrir de la visibilité à son livre. Seul problème : elle n’en a publié aucun. En recherchant sur internet elle prend connaissance du livre intitulé Emily Ratajkowski, au prix de 80 dollars, dans lequel sont publiées les polaroids pris par Jonathan Leder cette nuit-là. « Il y avait parmi eux les plus révélateurs et vulgaires qu’il avait pris de moi », confie-t-elle. Le photographe affirme qu’il a une autorisation signée de l’agente bien que cette dernière nie avoir signé quoi que ce soit qui lui permette d’utiliser les photos. Convaincue que l’autorisation a été falsifiée, la mannequin explique dans son essai qu’elle n’avait pas les moyens financiers de le poursuivre en justice. Par la suite, Jonathan publie trois autres livres et tient deux expositions des photos qu’il a prises. 

« Je le surveillais en ligne de temps en temps ; c’est comme si je regardais une partie de moi, la partie qu’il possédait désormais. » 

Ayant essayé de s’indigner sur ses réseaux sociaux et dans les médias, Emily Ratajkowski s’est vite rendue compte qu’elle ne faisait que donner plus de visibilité au photographe tout en se faisant harceler en ligne. Elle termine son texte en expliquant qu’elle ne veut plus dépenser son énergie à se battre contre ces humiliations mais qu’elle recherche toujours à contrôler son image par d’autres moyens. En écrivant cet essai par exemple.

Marius
Marius

Moi c'est Marius, journaliste en herbe qui étudie le métier à l'Université du Québec à Montréal. Originaire de Touraine, j'ai aujourd'hui la chance d'étudier à l'étranger et de manger des poutines.

J'suis ton pote qui graille le dernier gâteau apéro sans scrupule, qui fait DJ en soirée et qui reproduit des TikToks un peu cringe. J'écoute jamais de podcasts mais j'aimerais vraiment en tenir un.
Pro-black, pro-queer, pro-hoe, procrastinateur et tous les autres.

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