Le 24 février 2020, un adolescent revendiqué incel tue une jeune femme dans un salon de massage. Trois mois plus tard, le crime est requalifié d’acte terroriste par la police de Toronto et la Gendarmerie Royale du Canada.
Une longue histoire de tueries de masse misogynes
Le 6 décembre 1989, Marc Lépine, armé d’une carabine, déclare “Je hais les féministes”. Il ouvre le feu, tue 14 femmes, blesse 14 autres personnes puis se donne la mort. Dans sa lettre de suicide, il déplore ne pas avoir eu plus de temps de tuer plus de femmes : “Le manque de temps (parce que j’ai commencé trop tard) a permis à ces féministes radicales de survivre.”
Le 23 avril 2018, Alek Minissian tue 8 femmes et 2 hommes en roulant volontairement sur un trottoir en plein Toronto. Quelques minutes avant l’attaque, il appelait à une “rébellion incel” depuis son compte Facebook.
Le 24 février 2020 un adolescent de 17 ans assassine Ashley Noelle Arzaga dans un salon de massage. L’enquête révèle qu’il adhère à l’idéologie misogyne incel. Nouveauté de cette affaire : l’auteur du crime sera jugé pour acte terroriste.
Les incels : un mouvement extrémiste violent motivé par une idéologie
Contraction de “Involuntary celibate” (célibataire involontaire), les incels blâment les femmes pour tout ce qui ne va pas dans leur vie, en particulier leurs déboires amoureux. Plus que les blâmer, ils prônent la violence envers les femmes pour se venger du mal qu’elles leur auraient fait.
Dans un rapport publié en avril 2020, le gouvernement canadien classe les violences sexistes dans la catégorie des violences extrémistes basées sur une idéologie au même titre que la xénophobie par exemple.
A la lumière de cette nouvelle classification, le meurtre d’Ashley Noelle Arzaga a été requalifié en acte terroriste la Gendarmerie Royale du Canada. Dans un communiqué, la GRC indique que “Le terrorisme prend plusieurs formes et il est important de noter qu’il n’est pas limité à un groupe, une religion ou une idéologie particuliers.”
Loin de se cantonner aux incels, les crimes de haine contre les femmes existent depuis toujours. Les idéologies misogynes, largement diffusées sur Internet, semblent séduire de plus en plus de monde. Une qualification de ces crimes en actes terroristes devrait permettre d’alerter sur la montée en popularité de ces idéologies haineuses.