Argentine : la chambre des députées vote en faveur de l’avortement

La joie de la foule de manifestantes pro-choix à l'annonce du résultat du vote de la chambre des députées à Buenos Aires.
La joie des manifestantes pro-choix – Photo : Ronaldo Schemidt / AFP

Après plus de vingt heures de débat, la chambre basse argentine a accepté le projet de loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse vendredi 11 décembre. Deux ans après le rejet par le Sénat, le président Alberto Fernandez soutient cette fois-ci le texte, une première dans le pays. Le Sénat doit à présent l’approuver d’ici la fin de l’année.

« Plus personne ne choisira pour nous »

Durant plusieurs heures les députées pro-choix et antiavortement ont débattu sur ce texte de loi prévoyant l’interruption volontaire de grossesse (gratuite) jusqu’à la semaine 14 de gestation dans un délai maximum de 10 jours une fois la demande faite.

La députée Silvia Lospennato a clos le débat par un discours poignant : « Toutes les trois heures en Argentine, une fille est forcée d’accoucher (…). Aujourd’hui nous allons rendre aux femmes le droit de décider de leur corps. Plus personne ne choisira pour nous. »

Le texte a finalement été approuvé  à 131 voix contre 117.

Marée verte contre vague bleue

Comme en 2018, les manifestantes pro-choix, “les foulards verts”, sont descendues dans la rue. Mais cette fois-ci un mouvement contre le projet de loi a vu le jour, la « majorité  bleue ciel ».  Sur la place des Congrès, les deux camps étaient divisés jeudi  par de hautes barrières infranchissables. Plus nombreuses les manifestantes féministes ont, comme en 2018, explosé de joie vers 7 heures du matin à l’annonce des résultats.

À lire : Argentine : le foulard vert, symbole du combat pour le droit à l’avortement, La Presse

La photographe Lucia Prieto a accompagné les manifestantes féministes de Buenos Aires et capturé leur émotion jeudi 10 décembre.

Les Argentines ont aujourd’hui espoir que le texte soit approuvé avant la fin de l’année par le Sénat même si celui-ci est reconnu comme plus conservateur.

Selon un sondage de l’institut Opinaia, 49 % des Argentins s’opposent à l’avortement. 35 % sont pour sa légalisation, et 16 % ne se prononcent pas. Dans ce pays où 90 % de la population est catholique, le débat sur l’avortement divise.

En cas d’égalité, 35 voix pour contre 35 contre, c’est Cristina Fernandez de Kirchner, la présidente du Sénat et vice-présidente argentine, qui tranchera. Antiavortement durant ses deux mandats de présidente de 2007 à 2015, elle a changé d’avis en 2018, convaincue par « la déferlante de milliers et milliers de jeunes femmes dans les rues ».

Entre 370 000 et 520 000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année dans le pays d’après les chiffres du gouvernement. L’avortement n’est aujourd’hui légal qu’en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère.

Ouvrir la voie

La légalisation de l’avortement en Argentine pourrait inspirer d’autres pays sud-américains. Les mouvements féministes boliviens, péruviens ou chiliens pourraient s’appuyer sur l’exemple argentin et ainsi ouvrir la voie vers une légalisation de l’IVG sur tout le continent.

À lire : Pologne : Le droit à l’IVG souillé par la Cour Constitutionnelle

À lire : Brésil, des évangéliques tentent d’empêcher l’avortement d’une enfant de dix ans

Mahé Cayuela
Mahé Cayuela

Étudiante en journalisme à l’Université du Québec à Montréal, franco-argentine ayant grandi en Turquie je suis passionnée de géopolitique internationale.
Sinon je suis phobique des agrumes, en particulier des citrons.

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