Oui, les filles aussi peuvent faire pipi debout ! C’est d’ailleurs un acte devenu quasi politique, symbole d’une égalité entre les genres trop souvent bafouée. L’édition 2020 du Voyage à Nantes nous le prouve avec l’installation d’un « Manneken Pis » féminin, au cœur de la ville.

Tous les ans, la ville de Nantes s’anime pour le Voyage à Nantes, un parcours touristique, culturel et poétique qui donne à l’art l’occasion d’investir les rues de la ville. Cette année ne fera pas exception à la règle ! Du 8 août au 27 septembre 2020, artistes et œuvres, touristes et habitants vont se rencontrer lors de spectacles, expositions, animations…
Un parcours hors du commun qui vous mènera, le long d’une ligne verte sur le sol, d’expériences en découvertes, d’œuvres permanentes en œuvres éphémères…
Quand l’art rencontre la lutte féministe
Et cette année, surprise ! La fontaine de la place Royale de Nantes va se parer d’une oeuvre résolument féministe, signée Elsa Sahal : une sculpture en grès émaillé rose inspirée du petit « Manneken-Pis » belge. Ce qu’elle représente ? Un sexe féminin en train d’uriner.
Créée en 2012 et installée pendant un temps dans le Jardin des Tuileries, à Paris, « Fontaine » n’était initialement pas prévue au programme du Voyage à Nantes 2020… Mais confinement oblige, le programme a dû être légèrement modifié et le bateau rouillé d’Hugo Schiavi a donc été remplacé par l’oeuvre engagée de la céramiste française.
« Dans le flux continu du jet d’urine, il y avait l’idée que les petites filles aussi peuvent pisser dru, loin, et continûment », explique l’artiste.
L’art vaginal contre les inégalités

L’oeuvre, avant même son installation, a créé le débat, notamment sur la toile, où certains internautes montrent du doigts l’aspect « pédopornographique » de l’oeuvre. Pourtant, assure la céramiste, la sculpture de 3 mètres de haut qui s’apprête à prendre place (autour du 5 août) au cœur de Nantes, n’a jamais été pensée comme une provocation. Cette sculpture, « dont le titre est un pied de nez à l’urinoir de Marcel Duchamp », sa créatrice en assume l’intention féministe, mais insiste sur sa teneur ironique.
Parce que oui, uriner debout et surtout, uriner dans la rue : c’est « un truc de mec ». Force est de constater que l’égalité homme/femme ne se trouve pas non plus au niveau des toilettes publiques… Les urinoirs masculins abondent dans l’espace public, mais l’équivalent féminin peine à se faire une place sur nos trottoirs.
Quand on sait que la sculpture en grès va se retrouver, pendant presque deux mois, entourée de petits angelots dénudés, présents sur la fontaine d’Henri-Théodore Driollet depuis 1865… On se dit vraiment que certaines nudités dérangent plus que d’autres…
Sources :
Bientôt un Manneken Pis féministe à Nantes
Nantes : Fontaine, le Manneken Pis féminin s’installe sur la Place Royale !