Le 25 mars 2020, lors de son allocution, Emmanuel Macron assure la récompense du personnel soignant mobilisé pendant la crise sanitaire de la COVID-19, “sous forme d’une prime exceptionnelle pour accompagner financièrement cette reconnaissance« .
Cette prime et ses modalités d’obtention ont été concrétisées le 14 mai 2020, avec le décret n°2020-568. Ce dernier indique le montant maximal et minimal de la prime, qui peut s’élever à 1500€ pour les personnes ayant exercé dans les régions les plus touchées et à 500€ dans les régions les moins touchées.
Cependant, lorsque les demandes d’accès à cette prime ont été réalisées, de nombreuses soignantes n’ont pas rempli les critères d’éligibilité malgré leur mobilisation pendant la crise.
Une “récompense” aux conditions précises
Si nous ne lisons que le communiqué de presse Décret prime – 2020, il semblerait que la prime soit accessible à toutes, seulement son montant varie en fonction de la zone d’activité. Or, dans l’article 2 du décret n°2020-568, le principal critère d’éligibilité à cette prime est précisé : la soignante doit avoir occupé ses fonctions entre le 1er mars et le 30 avril 2020 pendant une durée d’au moins 30 jours cumulés.
De nombreuses soignantes, y compris les étudiantes médicales et étudiantes paramédicales se sont mobilisées, en se déplaçant dans les hôpitaux les plus touchés. Ces personnes sont très nombreuses à ne pas entrer dans la fourchette temporelle choisie par le gouvernement, avec une prise de fonctions trop tardive et donc l’impossibilité de cumuler 30 jours de travail dans les dates sélectionnées.
De vives réactions chez les soignantes
Les réseaux sociaux ont permis à de nombreuses soignantes d’exprimer les difficultés liées à l’obtention de la prime, notamment via la page Facebook Brigade des Nurses. Entre posts humoristiques et coups de gueule, la déception de nombreuses infirmières est clairement affichée.
Outre les témoignages sur les réseaux sociaux, les soignantes ont manifesté plusieurs fois durant le mois de juin pour la revalorisation de leur métier de manière pérenne.
Suite à l’accord signé à l’issue du Ségur de la santé, un plan de 8,1 milliards d’euros a été mis en place pour revaloriser les salaires du personnel soignant. Cet événement est une grande concertation entre le gouvernement et des représentants du secteur pour reconsidérer et réformer le système actuel, dont les défaillances ont été mises en lumière durant la pandémie de Covid-19. Bien que conséquent, le budget choisi apporterait une augmentation de salaire de seulement 183€ par mois.
Face à cela, de nombreuses organisations de travailleuses de la santé ont appelé à manifester le 14 juillet, pour une augmentation de salaire d’au moins 300€ par mois. Cette manifestation a été effectuée en marge de la fête nationale, mais aussi et surtout, en marge de l’hommage aux soignantes par Emmanuel Macron.
Manifestation du personnel soignant dans les rues de Bordeaux le 16 juin 2020 – © France 3 Aquitaine Place de la Bastille à Paris, ce 14 juillet 2020. Des photos de soignants recouvrant l’Opéra. – © Denis Allard