Marche des fiertés impromptue, jeune et politique

Ce n’est plus juste la « Gay Pride », c’est une Pride de 2020, avec des colleuses, des putes, et une jeunesse révoltée. Une foule qui s’en fout de casser l’ambiance, qui n’hésite pas à défier les flics. Une pride hors du mois des pride. Un message fort, une façon de dire : « notre lutte ne dure pas qu’un mois c’est un combat quotidien et nous ne nous laisserons plus faire ».

Marché des fiertés 2020, Paris
Photo Mahé Cayuela

3 000 personnes se sont rassemblées pour une marche des fiertés improvisée, à Pigalle ce dimanche 4 juillet. L’habituelle pride festive, organisée par l’inter-LGBT, prévue le 27 juin a été reporté au 7 novembre à cause de la pandémie.

Cette mobilisation non officielle, organisée en quinze jours seulement, est nécessaire pour Fred Bladou, militant membre du Collectif Irrécupérables et activiste de la lutte contre le sida. Il explique au journal Libération qu’il était impensable d’attendre l’automne pour se rassembler dans un contexte « d’oppression politique » :

Le confinement a flingué les minorités déjà précaires comme nous et le gouvernement n’a rien fait pour nous aider. C’est important de montrer qu’on est toujours là !

Sous les applaudissements de la foule qui se réunit pour écouter les discours des organisatrices, des banderoles et un drapeau arc-en-ciel sont accrochés au fenêtres de deux bâtiments.

Nos fiertés sont politiques

Vers 17h30, le cortège se met en marche. A sa tête un groupe en non mixité sans blanche, pour donner plus de place et de visibilité au minorités queer racisées. La grisaille du ciel et des bâtiments parisiens est égayée par les banderoles, drapeaux et cheveux colorés des manifestantes.

50 ans après la première Pride, à Stonewall, la marche se veut engagée, comme indiquait le panneau  « Nos fiertés sont politiques » sur le camion en tête du cortège.

Plusieurs personnes portent des pancartes précisant que ce n’est pas seulement la Gay Pride comme la nomment encore beaucoup de médias mais bien une Pride, inclusive et intersectionnelle.

Marché des fiertés 2020, Paris
Photo Mahé Cayuela

La Covid-19 oublié, certaines portent des masques mais la foule compacte ne semble que très peu se soucier des distances sociales.

Beaucoup de jeunes, collégiennes et lycéennes sont présentes, cette génération qui ne veut pas se laisser marcher dessus scande « siamo tutti antifascisti », hurle à tue-tête « tout le monde déteste la police » et répète inlassablement « queer vénère et révolutionnaire » au rythme sourd des tambours. 

Cette année ni char ni musique. Dans un communiqué, le collectif « FièrEs » explique vouloir se réapproprier « la Pride, et rappeler qu’elle est politique ». Parmi les revendications mises en avant, les associations affirment que « les manifestations antiracistes et contre les violences policières ont souligné la virulence d’un système qui exclut, précarise, silencie et assassine les personnes racisées ».

Mahé Cayuela
Mahé Cayuela

Étudiante en journalisme à l’Université du Québec à Montréal, franco-argentine ayant grandi en Turquie je suis passionnée de géopolitique internationale.
Sinon je suis phobique des agrumes, en particulier des citrons.

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