#Iwas : quand la jeunesse de Corse marche pour dénoncer ses agresseurs

TW : viol, agression sexuelle

Manifestation #Iwas en Corse
Manifestation #IwasCorsica, 21 juin 2020 – Photo Cécile Mansier

La manifestation s’est organisée sur les réseaux, le 21 juin dernier et a réuni quelques centaines de jeunes femmes. Du palais de justice de Bastia à la préfecture, elles ont marché pour dénoncer leurs agresseurs et rompre la loi du silence.

Pour la majorité, c’était la première fois qu’elles participaient à ce type d’événement. Et malgré l’atmosphère Covid-19, les jeunes femmes  se sont retrouvées, unies par des expériences traumatisantes d’agressions sexuelles et par la volonté de briser l’omerta profondément ancrée dans une société taiseuse. Unies, avec des pancartes où l’on pouvait lire : « Protégeons nos filles, éduquons nos fils », « Pas vos objets sexuels » ou encore « Prenez nos plaintes », elles ont marché du Palais de Justice à la préfecture en chantant « Nous sommes fières, et féministes et radicales et en colère ».

« 300 nanas qui marchent dans la rue, c’est rien du tout » pourraient affirmer certains… Et pourtant, le 21 juin 2020 à Bastia en Corse, les plus de 300 jeunes femmes (entre 17 et 22 ans) qui se sont réunies pour manifester leur colère et leur résilience ont fait beaucoup de bruit. 

Un hashtag pour libérer la parole

Cette manifestation quasi-improvisée, préparée sur les réseaux sociaux, a été baptisée « manifestation #Iwas ». Lancé au début du mois de juin aux USA, ce hashtag incite les victimes de viols à dénoncer leurs agresseurs, à raconter leur histoire.

Sur l’île de Beauté, ce hashtag s’est répandu comme une trainée de poudre, à l’inverse des #BalanceTonPorc et #MeToo. Laetitia Leschi, femme politique corse, a commenté cette libération de la parole sur son compte Twitter, le 5 juin 2020 : « Lors de la vague #balancetonporc #meetoo j’avais remarqué qu’en #corse rien… Cela ne pouvait signifier 0 cas, bien-sûr. Trop tôt. Trop tabou. Alors bravo à toutes ces filles/femmes qui osent s’exprimer, avec #Iwas. Ce qu’on peut lire depuis hier soir est terrible #EnCorseAussi La jeunesse Corse s’est réveillée un matin pour témoigner de l’horreur qu’elle a subit. Dans des tweets glaçants débutant ainsi : #Iwas … (suivi de l’âge où l’on a subit une agression sexuelle), les jeunes racontent les horreurs qu’elles ont subi.« 

Les témoignages venant de Corse sont tellement nombreux qu’un compte Twitter a été créé pour les rassembler, sous le #IwasCorsica.

De la toile aux médias et aux murs

Suite à la déferlante de tweets plus évocateurs et terribles les uns que les autres, la rédaction de France 3 Corse a lancé un appel à témoins. Des dizaines et des dizaines de jeunes filles les ont contacté et un article terrifiant a été publié. On y découvre notamment le témoignage de Scarlett, violée à 13 ans par deux « amis ». Elle déclare : 

Je pensais être une exception et avoir eu de la malchance. Mais c’est pas vrai. Le nombre de réactions à ce #Iwas est aberrant. La Corse est bien plus touchée par ce fléau qu’on ne voulait bien le croire jusqu’à présent. Je fais partie d’une grande « famille » de filles corses, apparemment. Qui comme moi ont vécu une, ou des expériences traumatisantes.

Comme le montre les témoignages, cette grande famille de victimes dont parle Scarlett n’est pas composée que de filles corses… Jean aussi, a tenu à briser la loi du silence. Il avait 16 ans lorsqu’il s’est fait agresser sexuellement par son entraîneur de football. Et il y en a d’autres. Des filles, des garçons, enfants, adolescents… Les histoires s’enchaînent plus terribles les unes que les autres.

Collage féminicides Corse
Collage – Photo @collages_feminicides_corse

Pour soutenir ce combat et faire entendre encore davantage la voix des victimes, le collectif Collages Féminicides Corse, actif depuis plus d’un an, a organisé un appel à témoignages sur les réseaux sociaux. Le 26 juin 2020, les colleuses corses affichent, en grosses lettres noires collées sur des murs blancs, les témoignages reçus. Les histoires des victimes #Iwas s’exposent aux yeux du monde pour que plus aucun viol ne reste impuni.

Une nouvelle manifestation a eu lieu le dimanche 5 juillet à Ajaccio. Cette fois, plus de 400 personnes sont venues manifester. A nouveau, les jeunes des générations Y (nées dans les années 90) et Z (nées dans les années 2000) ont annoncé la couleur : ça ne passe plus, les choses doivent bouger, la honte et la peur doivent changer de camp.


Sources :
France 3 Corse
Twitter

Clotilde Boudet
Clotilde Boudet

Tu vois la meuf qui parle de cul hyper fort en terrasse en mettant parfois ses voisins méga mal à l'aise ? C'est moi. Je m'appelle Clotilde, j'ai 27 ans, je suis parisienne et journaliste spécialisée dans le lifestyle (le style de la life quoi).

A 17 ans je pensais être une rebelle et finalement, je suis devenue un vrai cliché : j'aime plus Paris, je jardine, cuisine, médite, voyage. J'aime mon chat (sauf à 5h du mat, les proprio de félins savent...). Mais SURTOUT, j'aime écrire et débattre et croire qu'avec pas grand chose, chacun à son échelle, on peut changer le monde.

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