Mardi 29 septembre, l’Ifop (l’Institut français d’opinion publique) a publié une enquête réalisée pour le magazine Marianne posant la question suivante: « qu’est-ce qu’une « tenue correcte » au lycée ? »
Tandis que les collégiennes et lycéennes de France portant des tenues « non républicaines » se sont vu refuser le droit d’entrer dans leurs établissements scolaires, l’institut de sondage a demandé à plus de 2 000 Français et Françaises leur avis sur la question.
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Résultat de l’étude de l’Ifop concernant les hauts des lycéennes. Résultat de l’étude de l’Ifop concernant les bas des lycéennes.
Selon ce sondage seuls les jeans troués et les bretelles de soutien gorges visibles seraient acceptées par plus de la moitié des Français.
Le non-port de soutien-gorge devrait être interdit pour 66 % des sondés, les décolletés plongeants et les crop top seraient à proscrire respectivement pour 38% et 45% d’entre eux.
Les réactions sur les réseaux sociaux ne se sont pas fait attendre et un hashtag #sondagedelahonte a été créé.
De nombreuses militantes ont dénoncé l’hyper sexualisation du corps des adolescentes. Selon elles, les illustrations utilisées pour représenter la poitrine des jeunes filles, volumineuses et suggestives, participent à la culture du viol.
L’ancien secrétaire d’État chargé du numérique Mounir Mahjoubi s’est indigné
critiquant le choix des « questions » et des « illustrations » qui les accompagnent. « En décidant de poser ces questions avec ces illustrations, Ifop et Marianne vous tombez vous-même dans le piège de l’hyper sexualisation et de la réification du corps des femmes, constate-t-il. Et si on laissait tranquille le corps des jeunes femmes dans toutes leurs diversités et leurs choix ? »
L’ancienne candidate à la Présidentielle de 2007, Ségolène Royal, évoque quant à elle un sondage « affligeant de bêtise et de sexisme », accompagné de dessins « réduisant les jeunes filles à leurs seins et leur jupe et réduisant les jeunes hommes au voyeurisme ».
Pédocriminalité
Pour la youtubeuse et militante La Carologie, cette étude participe à la banalisation de la pédocriminalité. « Quand on va parler de jeunes filles qui sont en short, ou qui sont en débardeur l’école, on parle de nudité, sachant que dans notre société la nudité est constamment associée au sexe. » Constate-t-elle dans sa vidéo « l’ignoble sondage de Marianne & les profs douteux. “Comment des adultes peuvent assumer en toute tranquillité qu’ils voient de la nudité, et par association de la sexualité quand ils voient une jeune fille en short ou en t-shirt ? Rien d’étonnant selon elle ‘dans une société ou la pédocriminalité est culturelle et banalisée’.
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Réponse de l’Ifop
l’Ifop a réagi à la polémique dans un communiqué publié sur Twitter. « Ifop mesurant depuis plusieurs décennies le soutien des Français aux mouvements sociaux qui agitent le pays, réaliser un sondage sur le thème de ‘la tenue des lycéennes’ nous est apparu à la fois pertinent, car correspondant au cœur des revendications du mouvement, et conforme aux termes du débat public en cours », s’est défendu l’institut de sondage.
Concernant l’utilisation d’images montrant des poitrines dénudées de jeunes femmes, l’Ifop a tenu à se justifier : ‘Nous avons utilisé des pictogrammes par défaut, qui figuraient déjà dans d’autres études relatives au rapport des Français au dévoilement des corps. Ces sondages menés de front par le pôle ‘genre, sexualité et santé sexuelle’ de l’Ifop, mesurent depuis de nombreuses années la pression sexuelle vécue par les femmes dans notre société et la difficulté à faire évoluer les consciences à ce propos’.
Et la tenue des garçons ?
De nombreuses internautes ont souligné l’absence de sondage concernant les tenues vestimentaires des garçons.
Plusieurs illustratrices l’ont imaginé, tournant en dérision les illustrations initiales de l’étude.