Dimanche 12 septembre à minuit, l’inscription pour participer aux primaires écologistes sera close. Afin de te permettre de mieux t’y retrouver dans toustes ces candidat·e·s, nous avons analysé pour toi l’engagement de chacun d’elleux dans la cause féministe et intersectionnelle.
En cette rentrée de septembre, le parti Europe Ecologie les Verts est en pleine effervescence. Jusqu’au 28 septembre, cinq candidat·es, Delphine Batho, Sandrine Rousseau, Eric Piolle, Yannick Jadot et Jean-Marc Governatori vont s’affronter pour obtenir l’investiture du parti en vue de l’élection présidentielle.
Delphine Batho
Présidente du parti Génération Écologie, Delphine Batho est la seule des cinq candidates à avoir été ministre. Engagée dans l’écologie politique, elle obtient le portefeuille du même nom après l’élection de François Hollande en 2012. Elle en fut évincée un an plus tard, pour avoir critiqué publiquement la baisse des crédits de son ministère face à l’urgence climatique.

Son programme pour les droits des femmes :
Le projet politique de Delphine Batho se distingue des autres par le côté très laïque et républicain qu’elle défend. Si elle souhaite mettre à bas le présidentialisme patriarcal de notre Vème République, elle défend mordicus les institutions et les principes existants, notamment celui d’une laïcité stricte. L’autre point phare de son programme présidentiel est axé sur la décroissance, qui remet en cause les fondements du système économique actuel.
Bien qu’elle apparaisse moins radicale que Sandrine Rousseau, elle défend, elle aussi, le concept de l’écoféminisme : pour sauver la planète, il est nécessaire de supprimer les rapports de domination existants, dont celui du patriarcat matérialisé en France par un Etat trop centralisé hérité du gaullisme et du bonapartisme. Cela passe, selon elle, par l’émancipation des femmes et de toutes les minorités.
Une ombre majeure se dresse toutefois à son tableau féministe : Delphine Batho défend une écologie qu’elle qualifie de « 100 % laïque ». Ce laïcisme a été poussé à son paroxysme en août dernier, quand son parti avait refusé de coorganiser les journées d’été de Poitiers, notamment en raison de la participation de la vice-présidente de l’UNEF, Maryam Pougetoux, à un des ateliers. Cette dernière est médiatiquement connue pour une affaire remontant à septembre 2020. Présente à une commission parlementaire sur la vie étudiante, plusieurs députés avaient quitté la salle, simplement parce que Maryam était voilée.
Enfin, comme Yannick Jadot, elle a participé à la manifestation des syndicats de policiers le 19 mai dernier, à laquelle se sont rendues de nombreuses figures de l’ultra droite, ainsi que Gérald Darmanin.
Yannick Jadot
Député européen depuis 2009, Yannick Jadot a été directeur des campagnes de Greenpeace de 2002 à 2009. Il se présente comme le plus consensuel des cinq candidat·es, avec un programme ni trop radical, ni trop modéré. Reste que beaucoup de sympathisant·es écologistes le considèrent comme trop « Macron-compatible », du fait de certaines de ses idées très empreintes de libéralisme.

Son programme pour les droits des femmes :
En brassant l’ensemble de son programme politique et de ses déclarations, on ne peut pas dire que le programme présidentiel de Yannick Jadot soit particulièrement féministe. Il se contente de mesures certes importantes, mais peu structurelles face aux enjeux féministes :
- Il souhaite conditionner les subventions aux institutions et aux entreprises à l’égalité salariale.
- Lors des différents débats de la primaire écologiste, il a mis l’accent sur la formation des fonctionnaires publics pour sensibiliser et éduquer aux violences sexistes et racistes.
Sur tout ce qui attrait au féminisme et à la lutte contre le patriarcat, sa posture est essentiellement électoraliste et peu idéologique. Jadot partage, retweete, ou donne son avis sur différents combats féministes. Mais pour protéger son image d’homme consensuel, il n’hésite pas à plonger dans le flou. En septembre 2020, à la sortie du livre d’Alice Coffin, Le Génie Lesbien, il avait déclaré à propos des passages jugés polémiques : “Je ne suis pas d’accord, mais je ne les condamne pas”. Face à la déferlante de haine contre Alice Coffin, Jadot a donc choisi de conserver son électorat modéré, quitte à ne pas soutenir une consœur élue écologiste.
Eric Piolle
Maire de Grenoble depuis 2014, il jouit d’une grande popularité au sein du parti EELV. Il s’attache à cultiver une image très marquée à gauche, tout en évitant au maximum d’être clivant, afin de mieux plaire à toutes les composantes du parti. Il est désigné comme l’un des deux favoris de cette primaire avec Yannick Jadot.
Son programme pour les droits des femmes :

Le projet d’Eric Piolle contient une part importante liée à la lutte contre les inégalités liées au genre :
- Dès son élection, il compte mettre 1 milliard d’euros sur la table pour lutter contre les violences sexistes, notamment avec l’accompagnement et l’hébergement pour la protection et la mise en sécurité.
- Comme Yannick Jadot, il exigera l’égalité salariale femmes-hommes pour les aides attribuées aux entreprises.
- Il souhaite créer 20 000 emplois communs dans les associations féministes.
Sur ce dernier point, Eric Piolle a encore des progrès à effectuer dans son rapport aux associations féministes. Cet été, le maire de la capitale iséroise avait été mis sous les projecteurs de l’association Alliance citoyenne dans les débats sur le burkini. Les militantes s’étaient baignées dans la piscine municipale, contre le règlement qui interdisait cette tenue portée par de nombreuses musulmanes. En réponse, Eric Piolle avait demandé au Premier ministre d’harmoniser à l’échelle nationale les règles concernant les tenues autorisées dans les piscines. Or à l’heure actuelle, les réglementations concernant les piscines municipales incombent… aux municipalités. Plutôt que d’affronter le problème dans sa ville, le candidat a choisi de rester passif en renvoyant la balle à Paris.
Sandrine Rousseau
Elle pourrait créer la surprise face aux deux favoris annoncés par les sondeurs. Sandrine Rousseau plaît beaucoup aux jeunes, notamment les femmes par son discours et son programme. Très active dans la lutte contre les violences faites aux femmes, elle fait partie des protagonistes qui avaient dénoncé en 2016 les agressions sexuelles du député Denis Baupin. Cela avait abouti à la première condamnation, certes trop légère, mais réelle d’un homme politique français pour des faits de violences sexuelles. Son entrée tardive dans la campagne et des approximations dans sa communication ont en revanche perturbé la candidature.
Son programme pour les droits des femmes :

Contrairement à ses quatre concurrent·es, le programme de Sandrine Rousseau est unique par le fait qu’il est axé sur la lutte contre les inégalités, portée par sa conception écoféministe dans la lutte contre les changements climatiques. Pour briser la domination du patriarcat sur la nature et sur les femmes et minorités de genres, Sandrine Rousseau a présenté de nombreuses mesures parmi lesquelles :
- Un revenu d’existence, favorisant ainsi l’émancipation des bas revenus dont font partie encore trop de femmes.
- Augmentation des moyens en faveur de la recherche, du suivi et du soutien face aux maladies touchant les femmes comme l’endométriose.
- Anonymisation des CV et une formation obligatoire sur l’inclusion et la diversité qui sera dispensée à toutes les personnes souhaitant ouvrir une entreprise.
Sur le plan du féminisme politique, il n’y a pas beaucoup de reproches à faire sur Sandrine Rousseau. Reste que parmi toutes les thématiques liées aux luttes féministes et intersectionnelles, elle demeure ambigüe sur certains sujets, comme celui du travail du sexe. Elle ne s’est en effet pas prononcée pour ou contre son interdiction, l’association Osez le féminisme ! a cependant souligné qu’elle avait déjà signé des tribunes abolitionnistes.
Jean-Marc Governatori

Membre du parti Cap Écologie, il est le dernier venu dans cette campagne. A la base, Jean-Marc Governatori avait vu sa candidature rejetée par le parti, du fait d’un nombre de “parrainages insuffisants”. Après un bras de fer judiciaire avec le parti EELV, il a été réintégré à la campagne fin juillet par le tribunal de Bobigny. Conseiller municipal dans l’opposition à Nice, il se présente ouvertement comme « écologiste centriste”, qui se veut rassembler les écologistes de gauche, de centre et de droite, sans distinction de parti.
Son programme pour les droits des femmes :
Même en décortiquant son projet présidentiel dans tous les sens, on ne trouve aucune trace concrète de féminisme ou d’intersectionnalité chez Jean-Marc Governatori. Sur le site internet de son parti Cap Ecologie, l’écoféminisme fait pourtant partie des principaux axes de lutte contre les changements climatiques. Néanmoins, dans sa campagne, M. Governatori n’a aucun soutien en interne, pas même celui de la co-présidente de son parti, Corinne Lepage, qui lui a permis d’obtenir son investiture pour la primaire. Sur le même site, le parti a déclaré “avoir pris acte” de la décision de Jean-Marc Governatori de “se mettre en retrait de Cap Écologie. Le but est de représenter un [son] courant de pensée : l’écologie au centre.”
Si vous souhaitez participer au vote de cette primaire, vous avez jusqu’à dimanche 23h59 pour vous inscrire sur le site lesecologistes.fr. Le vote est ouvert à toute personne âgée de 16 ans ou plus, moyennant 2 euros de cotisation. Le premier tour aura lieu du 16 au 19 septembre 2021. Alors, à vos bulletins !