D’après une enquête de Mediapart, Gilles Huberson fait face à des accusations de violences sexistes et sexuelles envers des collaboratrices et subordonnées.
Ces femmes ont attesté, avec le soutien de témoins, de remarques dégradantes, gestes déplacés et agressions. Les faits se sont déroulés dans plusieurs pays, notamment le Mali (où Gilles Huberson a été ambassadeur de France pendant plusieurs années) et la Côte d’Ivoire, où il exerce depuis 2017. C’est l’un des postes les plus prestigieux de la diplomatie française sur le continent Africain.

Des témoignages glaçants
Médiapart a contacté les victimes, et a pu récolter quelques témoignages, illustrant le comportement sexiste de l’ambassadeur. L’une d’entre elle indique notamment un effroyable manque de considération de la part de Gilles Huberson envers son travail. Pour autant, ce dernier manifestait un avis incisif sur le physique de sa nouvelle collègue :
« Lors d’une soirée, un membre de la communauté française parle de moi en lui disant : “La nouvelle a l’air bien.” Il lui a répondu : “Pas assez mince pour moi.” Cette personne m’a rapporté ces propos quelques jours plus tard. »
D’autres femmes témoignent d’un comportement agressif plus direct. Selon plusieurs sources de Médiapart, l’ambassadeur se serait « jeté » sur une femme, pour tenter de l’embrasser, dans le bureau de celui-ci.
Des démarches inefficaces face aux nombreux signalements
En 2018, Jean-Yves Le Drian a mis en place une cellule d’écoute pour les personnels du Quai d’Orsay victimes de violences sexistes et sexuelles. C’est cette cellule, baptisée « Tolérance Zéro », qui a recueilli les témoignages de femmes déclarant avoir été victimes de l’ambassadeur.
Le premier signalement officiel a été effectué fin 2019 par une diplomate, dont le nom n’a pas été mentionné, qui collaborait avec Gilles Huberson. Cette dernière a saisi le déontologue du Ministère des Affaires étrangères, Jean-François Barel, qui a effectué par la suite les premiers entretiens à propos de l’ambassadeur.
Pourtant, une source au sein du Quai d’Orsay, hôtel du ministre des affaires étrangères, affirmait avoir connaissances des faits dès 2019. Par ailleurs, un document consulté par Médiapart prouve que des agissements présumés de M. Huberson avaient déjà été signalés en 2014, avec l’intervention d’un haut fonctionnaire.
En deux ans et demi, selon les chiffres communiqués par le ministère à Médiapart, « 31 signalements » ont été effectués auprès du déontologue. En juillet 2019, sur les « 17 signalements » alors comptabilisés, cinq portaient sur des agissements sexistes, huit sur des agressions sexuelles, selon la CFDT-MAE.
Le 19 septembre 2020, Gilles Huberson a été rappelé à Paris. Il n’est pour l’instant pas inquiété par la justice.