Ce vendredi 3 juillet 2020, après la démission du gouvernement d’Edouard Philippe, Emmanuel Macron a révélé le nom de son nouveau Premier ministre : Jean Castex. Ex-secrétaire général adjoint de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy, désigné en avril délégué interministériel du déconfinement, cet homme reste méconnu du grand public. En parallèle, si l’on remonte trois ans en arrière, le candidat Emmanuel Macron faisait un autre “souhait” pour la tête de son gouvernement.
Je choisirai le Premier ministre le plus compétent, le plus capable possible, avec le souhait et la volonté que ce soit aussi une femme.
8 mars 2017, en pleine journée des droits des femmes, c’est le temps des promesses électorales. A la veille de sa nomination, Emmanuel Macron se prépare à entrer à l’Elysée. François Hollande, lui, a déjà commencé à ranger ses affaires, empaquetant dans sa valise Bernard Cazeneuve. Le jeune premier s’imagine déjà élu, en lui, de nombreuses personnes entrevoient la figure d’un renouveau politique, loin des étiquettes partisanes traditionnelles. Se prônant lui-même de “candidat féministe”, il exprime le souhait, s’il est élu, d’avoir une femme pour Première ministre. Lors d’un rassemblement organisé au Théâtre Antoine pour la journée des droits des femmes, il s’exprime sur ces femmes justement, et intime que « c’est pour le renouvellement, pour que la société respire, que ce ne soient pas tout le temps les mêmes et la reproduction des mêmes » qu’il pourrait proposer une femme à la tête de son futur gouvernement. Des déclarations qu’il estime “extraordinairement cohérentes avec les valeurs” de son parti. Emmanuel Macron est alors “profondément féministe” car, dit-il : “j’aime ce qu’il y a d’irréductible dans l’autre qu’est la femme« . Un mois plus tard, Edouard Philippe quittait le Havre pour Paris.
L’embarras du choix
A l’aube d’un remaniement, c’est donc Jean Castex, Monsieur Déconfinement, qui a pris le relai. Ce n’est pourtant pas les candidates qui manquaient.
Après la démission de Nicolas Hulot du ministère sur la Transition écologique et solidaire, c’est Laurence Tubiana qui était sur toutes les lèvres. Écologiste, universitaire, fer de lance de François Hollande pour la COP21. Elle aurait été un atout technocratique et vert d’envergure en vue des présidentielles 2022, d’autant plus qu’elle dirige le Haut Conseil pour le Climat.
Nommer Christiane Taubira aurait pu être la grande surprise de ce quinquennat. L’ancienne ministre de la Justice sous Hollande, connue pour sa droiture et ses engagements avait su gagner le coeur de toute une frange de la population avec la mise en place du mariage entre personnes du même sexe en France, mais s’était attirée les foudres de toute une autre en contrepartie. Son soutien pour Assa Traoré dans l’émission Quotidien avait fait beaucoup de bruit et aurait pu permettre un apaisement des conflits sur les violences policières.
Moins sous la lumière des projecteurs, la ministre des Armées Florence Parly aurait été un bon compromis. Selon des proches d’Emmanuel Macron, ce remaniement était aussi l’occasion pour lui de retourner dans l’arène médiatique française. Edouard Philippe ayant attiré sur lui finalement plus de sympathie que prévu durant la crise sanitaire de la Covid-19, il finissait peut-être par faire de l’ombre au Président. Cette énarque composant avec une certaine discrétion (bien loin d’être entachée cependant), aurait pu jouer en la faveur d’un Emmanuel Macron en lice pour de nouvelles présidentielles.

On prend les mêmes et on recommence
Jean Castex est un proche de Nicolas Sarkozy. Caractérisé approximativement de “gaulliste social”, il vient de la droite et l’assume totalement. Après lecture de ses nombreux portraits qui fleurissent déjà sur Internet, il se dessine une politique similaire à celle d’Edouard Philippe, un caractère similaire à celui d’Edouard Philippe, un carnet d’adresse similaire à celui d’Edouard Philippe (quoique tout de même plus à droite), bref, un homme similaire à Edouard Philippe.
En outre, la parité prônée par le Président de la République commence à être mise à mal avec le départ d’Agnès Buzyn, remplacée par Olivier Véran. Des femmes doivent donc être appelées à construire le futur gouvernement de Castex.
Pour l’instant, le message est clair. Emmanuel Macron, n’est pas prêt à s’associer à une femme comme Première ministre. C’est sur la pointe des pieds mais avec la ferme idée d’asseoir un peu plus une politique bien loin du féminisme que le Président a fait son choix aujourd’hui. Et n’en déplaise à l’Emmanuel Macron de 2017.