Note de la rédaction : cet article est traité sous l’angle cis hétéro.
Actuellement en France, chaque parent a droit à 3 jours dits de “congé de naissance”, financés par l’employeur. Il est ensuite possible de bénéficier de 11 jours consécutifs pour un congé dit de “paternité et d’accueil d’enfant” demandé la plupart du temps, mais pas forcément dans la continuité calendaire du congé de naissance. Ce congé de paternité est indemnisé par la Sécurité sociale, donc par l’État.
Ce mercredi 23 septembre Emmanuel Macron propose d’allonger ce congé paternité ou co-parental à 25 jours, soit un total de 28 jours pour accueillir un nouveau membre dans une famille.
Revenons sur le parcours de cette modification attendue, réclamée et discutée depuis des mois.
Juin 2020 : c’est la fête des pères
Au sortir du confinement et dans une ambiance de crise sanitaire mondiale, la tribune de 10 papas est publiée dans une vingtaine de médias, dont le HuffingtonPost : ils souhaitent s’engager sur le terrain de la paternité en revendiquant un congé plus long et interpellent chaque parent.
Ces hommes s’appuient sur des chiffres européens et comparent les durées et financements proposés par différents pays. Le mouvement #1moisminimum est lancé sur les réseaux sociaux pour que chaque père/co-parent prenne la parole, raconte son congé paternité et réclame un changement dans ce qui paraît – enfin ! – être une appropriation masculine d’un sujet trop longtemps relégué aux femmes/mères. Plus de 600 témoignages ont ainsi été recueillis.

Juillet 2020 : ça bouge !
Le secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’enfance et des Familles, Adrien Taquet rencontre virtuellement les auteurs de la tribune et prend des engagements sur ce sujet.
Un rapport est commandé et dirigé par Boris Cyrulnik, neuropsychiatre.
Ce rapport sur les « 1 000 premiers jours de l’enfant », est remis début septembre au gouvernement.
Il y est notamment question du développement de l’enfant, de ses interactions, d’allaitement, de dépression périnatale, de parcours de parents, d’accompagnement et de violences conjugales.
Les conclusions évoquent la nécessité d’un congé paternité de 9 semaines minimum.
Les réactions suite à l’annonce
Parmi les papas engagés et auteurs de la tribune de juin, on trouve Cédric ROSTEIN et Frédéric FAURILLON.
Cédric anime un podcast “militant et engagé” sur le sujet de la “parentalité éclairée affranchie du patriarcat à [son] niveau” : @papatriarcat.
Pour lui, l’allongement du congé prévu à partir de juillet 2021 tel qu’annoncé “est un beau but de marqué et le match continue car nous sommes loin du résultat attendu et nécessaire pour un vrai changement de société.”
Un petit pas pour les hommes-papas, pas suffisant pour la société!
Frédéric se définit comme “papallaitant” sur sa page Instagram @vieuxmachinbidule.
Il était invité ce jour sur la radio RMC et les premières réactions des auditeurs suite à l’annonce du gouvernement sont mitigées : la plupart estime que cette mesure ne sert à rien car l’obligation reste floue et le financement questionne… Frédéric répond : “On ne s’inquiète pas de l’enfant.”
Les problématiques soulevées restent liées aux adultes, au système économique et capitaliste…notamment le “coût exorbitant” invoqué par notre Président Emmanuel Macron dans le cadre d’une proposition de directive européenne sur les congés parentaux . Celle-ci est finalement votée en avril 2019, mais bien loin de “promouvoir l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des parents et aidants qui travaillent”.
Rappelons tout de même que l’une des grandes causes nationales du quinquennat actuel est l’égalité entre les femmes et les hommes…
La route semble donc longue pour avancer sur des sujets encore genrés comme la parentalité et la sphère dite domestique, dont la charge revient quasi-systématiquement aux femmes.
Pour aller plus loin : écouter le dernier podcast de @lescouillessurlatable intitulé “A la recherche des nouveaux pères”