Ecrire le premier éditorial d’un journal n’est pas chose aisée. Ces quelques mots marquent le tempo. Avec eux, tu trouves ton rythme et découvres la cadence de ce webzine qu’on a composé pour toi.
C’est le moment de prendre son élan pour sauter la tête la première dans la grande mare aux médias. Ceux que l’on critique mais qu’on lit, ceux que l’on adore mais qu’on oublie, ceux que l’on aime et dont on ne peut plus se passer. Très vite, je me dis qu’il sera peut-être difficile pour toi de trouver ta place dans tout ceci, dans tout cet espace. Portrait, Actu, Initiatives, Point histoire, Point dico, le Cul. Mais toi lectrice, lecteur, où es-tu ? Feras-tu avec nous ces quelques pas de danse un peu maladroits mais travaillé avec passion et amour ?
Dans cette mare presque océan des médias qui parlent de féminité pour celleux féministes, on est un peu comme un pavé. On veut éclabousser beaucoup et faire résonner autour de toi l’écho de nos rédactrices. Cet édito je l’écris pour elles aussi, c’est vrai. En quelques semaines, elles nous ont permis d’avoir foi en ce projet un peu fou de créer un média qui veut faire meufer les gens. Meufer c’est un verbe que l’on a inventé pour décrire une initiative, un combat, un désir, une action féministe. C’est la description verbale d’un mouvement de communion pour ramener les femmes au centre du débat, au centre de l’actualité médiatique.
Le féminisme est un terme qui faisait encore peur il y a 5 ans mais qui, aujourd’hui, sonne autrement. Même si tu sais que tu vas peut-être en emmerder certain.e.s à te revendiquer féministe, tu as toute la légitimité du monde de le faire. Car au fond, qu’est-ce que le féminisme si ce n’est ta propre définition ? Par nos articles, nos témoignages, nos interviews, nos portraits nous dessinerons ensemble le féminisme comme nous l’entrevoyons et comme tu le vois.
Ce même mois, Michel Onfray entame le lancement de sa revue “Front Populaire”. A l’opposé de ce que nous concevons et essayons de façonner, il me semble alors plus qu’essentiel d’écrire pour parler des combats des femmes et hommes pour les droits des femmes et l’égalité. Aujourd’hui et sans que cela soit énoncé, la femme se réinsère de manière plus centrale dans les grands sujets médiatiques actuels : Assa Traoré, Sanna Marin, Greta Thumberg, les municipales à Paris… “Une femme”, “cette femme”, celle qui fait la couverture des magazines de presse ou le titre d’un article, nous lui donnerons un nom, un prénom, une identité. Qu’elle soit grande ou petite, sous la lumière des projecteurs ou dans la pénombre, elles auront leurs places dans nos articles et nous espérons qu’elles s’y sentiront bien.
Mais ce n’est pas que pour elles que nous écrivons. Les sujets que nous traiterons sont aussi fait pour toi. Pour ta culture personnelle, ta santé, ta sexualité, ta sécurité, tes rêves et tes peurs. Actuellement, les journalistes et médias se sont peut-être trop souvent éloignés de celleux qui leur permettent de vivre. Elitiste pour certains, hors des réalités pour d’autres, notre volonté n’est pas de rentrer sur le ring médiatique de ceux qui t’oublient. La proximité se jouera en premier round dans notre manière de t’écrire à toi. Car grâce à toi, et parce que tu existes, toi, lectrice, lecteur, nous pouvons donner vie à nos sujets et à nos engagements. Sans lectrice, la presse ne pourrait survivre, elle suffoquerait de ton absence. Tu es donc la composante essentielle, la mesure première. Comme un échange épistolaire réconfortant, amoureux, amical tu pourras crier avec nous contre les injustes de ce monde, pleurer avec nous pour ses pertes, rire avec nous de ses maladresses, aimer avec nous ses beautés.
Meufer sera imparfait mais il s’inscrira dans ton présent pour participer à ton futur. Si ce que je t’écris te touche, t’exaspère ou te rend triste, sache que nous te laisserons toujours mener la danse. Alors tends-nous la main et parcourons ensemble ce fameux monde de demain mais surtout d’aujourd’hui.