L’année dernière, HBO sortait sa toute première série s’inscrivant dans le genre “teen-drama”. Euphoria est un réel coup de poing aux États-Unis tant la représentation de la Génération Z est aussi juste que crue. Elle dépeint la sexualité des adolescents, leurs habitudes festives plus ou moins extrêmes mais aussi l’addiction et la dépression.
Outre ses personnages et son scénario très bien construits, Euphoria a une patte visuelle très particulière, et ose.

Euphoria et la quête d’identité adolescente
Euphoria met en scène les tribulations d’adolescentes pour se comprendre et se trouver à travers le prisme de Rue Bennett, une lycéenne de 17 ans récemment sortie de cure de désintox. Cette dernière se lie rapidement à Jules Vaughn, une jeune fille trans qui vient d’emménager dans sa ville.
En tant que narratrice, Rue témoigne des différents questionnements de son entourage : Maddy Perez qui vit relation abusive avec son copain Nate Jacobs, qui a des accès de violences mêlés à des questionnements sur sa sexualité ; Cassie Howard, qui est victime de sa réputation de fille facile et idiote ; Chris McKay, son petit-ami, ancien footballeur star du lycée qui peine à maintenir son niveau à la fac ; Kat Hernandez, qui explore et découvre sa sexualité ; et Lexi Howard, petite soeur de Cassie et amie d’enfance de Rue.

Entre témoignage et portrait générationnel
Du fait de sa construction, choisissant Rue comme narratrice, Euphoria offre une voix réaliste et touchante aux personnes toxicomanes et dépressives. On suit ses rechutes et ses moments heureux lors de son cheminement pour se sevrer, mais également ses mensonges et ses confessions. Parallèlement, lorsque l’on apprend à connaître le personnage plus profondément, on comprend les effets de la dépression sur son quotidien, à travers des phases de grande anxiété comme d’apaisement.
Euphoria propose un portrait précis et réaliste de la Génération Z, les 15-25 ans d’aujourd’hui. Ils sont nés avec les outils numériques, avec le porno accessible à toutes,un marketing encore très sexualisé, et développent rapidement leur sexualité. Les réseaux sociaux, les messages et les nudes (photographies érotiques) sont omniprésents, ce qui permet notamment à la série d’aborder le sujet du revenge porn.
Parallèlement à l’exploration de la sexualité et de ses dérives, Euphoria traite également la recherche des limites à travers la fête, l’alcool et autres drogues.
Une identité visuelle frappante et innovante
La photographie d’Euphoria est très reconnaissable et particulière. De mon point de vue, elle est à la fois sombre, brillante et colorée : les plans allient ces trois qualificatifs les trois-quarts du temps.
Les paillettes prennent une place très importante dans l’identité visuelle de la série que ce soit directement avec le maquillage des actrices, ou indirectement avec les lumières de la nuit floutées et lointaines en arrière-plan d’un bleu sombre, presque noir. La couleur intervient toujours dans les tenues des actrices et beaucoup dans les lumières des fêtes, comme pour saturer l’excès des adolescents.

En dehors de sa patte visuelle, Euphoria montre sans problème des plans très crus de pénis, auparavant quasiment absents à la télévision. De manière plus générale, les corps sont filmés d’une façon réaliste qui les sublime tous. On notera par ailleurs la qualité du casting, et notamment le magnétisme d’Hunter Schafer (Jules), mannequin trans qui joue la comédie pour la première fois.
Euphoria est disponible en France sur OCS