La couture : un nouvel empowerment pour les femmes ?

Il y a quelques mois, on se demandait s’il ne fallait pas tout simplement se lever et se casser et nous voici maintenant derrière une machine à coudre. Crise du Covid oblige, vous n’avez pas pu passer à côté de la France qui coud, ou plutôt de ces Françaises qui cousent.

Oui, la pandémie a renforcé les inégalités femmes-hommes. Et oui, il est grand temps de reconnaître l’engagement des femmes dans cette crise pour qu’elles ne demeurent pas les grandes perdantes de l’après Covid-19. Mais non, coudre des masques ne signifie pas trahir son féminisme, bien au contraire. 

Le problème n’est pas que les femmes cousent des masques, mais c’est qu’on s’attend à ce qu’elles le fassent gratuitement et presque « naturellement ». Elles ont massivement répondu présentes aux initiatives des collectivités et il n’est pas question de remettre cela en cause. Cependant, de la même manière que l’on considère le ménage ou le soin comme des métiers de « femmes », il faut redonner du crédit à la couture (même bénévole). 

La création de masques a un coût humain et financier et la couture nécessite un véritable savoir-faire. Ce n’est pas parce que certaines la pratique comme un loisir qu’elle doit être dévalorisée. Alors brandissons nos masques, haut et fort ! C’est une des voies de l’émancipation, voire une forme d’empowerment féministe.

Mais qu’est-ce que l’empowerment ? 

Emprunté à l’anglais, l’empowerment peut se définir comme l’octroi de davantage de pouvoir à des individus ou à des groupes pour agir sur les conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques auxquelles ils sont confrontés.
Traduisons de manière “simpliste” cette notion dans le cadre du militantisme féministe : apprenons le pouvoir que nous possédons (ou que nous pouvons acquérir) et utilisons le pour faire changer les choses.

Alors pourquoi ne pas se servir de la couture pour revendiquer sa place dans l’espace public ? Ce n’est pas parce que les femmes cousent que les femmes se taisent !

La couture comme moyen d’émancipation ?

Broderie réalisée par Sophie King
Broderie par Sophie King

La couture est considérée, à tort, comme un hobby désuet et essentiellement pratiqué par les femmes. Ne pourrait-il pas devenir une source d’émancipation ? Coudre, tricoter, fabriquer quelque chose de ses mains, permet de prendre confiance en soi. 

Je suis capable de créer, je possède des compétences, et je valorise mon travail.

Acquérir un savoir-faire permet de gagner en autonomie.

Ces femmes travaillant ensemble représentent aussi un bel exemple de solidarité et de création de communautés. Associées les unes aux autres, elles sont plus fortes et plus écoutées. Les compétences qu’elles mobilisent leur permettent aussi de trouver des solutions alternatives pour pallier le manque de fourniture, pour organiser l’activité, pour prendre conscience du système économique et même pouvoir le critiquer si nécessaire.

Et pourquoi pas aller plus loin ? Faire de cette tradition stéréotypée un nouveau moyen d’expression ? Il existe bien des brodeuses militantes qui utilisent cet art pour transmettre des messages forts, ou des tricoteuses qui confectionnent des Pussyhat en réponse à Donald Trump. 

Couture et féminisme, alliés ou ennemis, pourquoi choisir ?

Clarisse Miller
Clarisse Miller

Communicante, toujours à l’écoute, souvent discrète.
Je prends la plume sans prise de tête et avec beaucoup d’optimisme.
Littéraire dans l’âme, j’aime les hippopotames et Marguerite Duras.

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