She said : breaking the sexual harassment story that helped ignite, écrit par Jodi Kantor et Megan Twohey, vient d’être traduit en français. Il est sorti le 29 septembre dernier aux éditions Alisio. Retour sur cette analyse de l’enquête à l’origine de « l’affaire Weinstein ».
TW : harcèlement et agression sexuelle
Le livre She said : breaking the sexual harassment story that helped ignite, publié aux éditions Penguin Press en septembre 2019, dévoile les coulisses de l’enquête journalistique qui a propulsé les combats féministes sur le devant de la scène internationale. Depuis le 29 septembre 2020, il est disponible en français, aux éditions Alisio.
Rappelez-vous… Le 5 octobre 2017, le New York Times révèle qu’Harvey Weinstein aurait acheté le silence de huit femmes l’accusant d’agression sexuelle ou de harcèlement sexuel. Trois jours plus tard, le journal new-yorkais publie une enquête approfondie menée par les journalistes Jodi Kantor et Megan Twohey. Après des mois d’entretiens secrets et trois jours de stupeur, l’Amérique découvre l’identité de celles qui accusent publiquement le producteur : des actrices, notamment Ashley Judd et Rose McGowan, une top modèle, Ambra Battilana et d’anciennes employées du producteur comme Lauren O’Connor’s ou Emily Nestor.

Qu’importe le dégoût, la colère ou la peine, seuls les faits et les preuves comptent
Mais l’ouvrage ne revient pas tant sur les agissements d’Harvey Weinstein que sur le travail de journalistes de Jodi Kantor et Megan Twohey. L’enquête qu’elles ont menée, depuis couronnée d’un prix Pulitzer, n’a pas été simple. Dès qu’il a été au courant de l’article, Harvey Weinstein a tenté d’en arrêter la publication. Alors, comment gérer ça ? Comment convaincre les femmes qui ont eu à faire au magnat du cinéma de témoigner ? Compliqué, notamment à cause des accords financiers de non-divulgation passés entre le producteur et ses victimes… Au départ, elles déclarent toutes la même chose : « Je ne veux pas être la première. ». Mais voilà, une après l’autre, les victimes finissent par s’exprimer et l’enquête peut enfin être publiée. Outre le courage des victimes, She Said insiste sur l’importance de la déontologie du journalisme. Il faut le dire : Jodi et Megan ont fait un travail journalistique remarquable ! Qu’importe le dégoût, la colère ou la peine, seuls les faits et les preuves comptent.

L’aube d’un nouveau monde
Dans leur ouvrage, Jodi Kantor et Megan Twohey n’écrivent pas uniquement sur les tenants et les aboutissants de l’affaire Weinstein. Elles évoquent aussi l’affaire Kavanaugh (pour en savoir plus), s’interrogent sur la radicalisation du féminisme, l’impartialité de la justice, parlent du président américain, soulèvent la question de pourquoi donner la parole aux célébrités plutôt qu’aux femmes anonymes… Dans la préface du livre, les deux autrices expliquent : « Nous écrivons sur celles qui ont pris la parole, ainsi que sur celles qui ont choisi de ne pas le faire, et la nuance de comment, quand et pourquoi. »
Au cœur de l’affaire Weinstein, deux hashtag sont apparus simultanément sur Twitter, en France et aux Etats-Unis : #MeToo et #BalanceTonPorc. Et puis des associations se sont créées, des débats se sont ouverts, des lois sont passées… On peut enfin le dire : « La honte a changé de camp », mais comment faire pour que ça dure ?
Comprendre les dessous de cette enquête pourrait faire naître chez certaines la vocation de « donneuse d’alerte ». She Said est un livre important, factuel, à se procurer sans attendre !