Irenevrose, La terreur féministe : reconnaître l’utilité de la violence dans les luttes sociales

« Le féminisme a bel et bien commis des crimes. Et c’est tout à son honneur ». Sans prendre de pincette, la militante, activiste, colleuse et autrice Irenevrose annonce la couleur. Dans son essai La Terreur Téministe, petit éloge du féminisme extrémiste, Irene ravive la flamme militante étouffée par les lois liberticides du gouvernement et noyée sous les lances à eau de nos gardiens de la paix.

En mai 2019 le magazine Valeurs actuelles titrait “La terreur féministe”, provocant de fortes réactions dans la sphère féministe francophone.

Déconstruire « l’extrémisme »

En mêlant anecdotes personnelles, affaires médiatiques et faits historiques, Irene nous raconte l’histoire de la violence dans le mouvement féministe.

Pourquoi une mère désespérée a-t-elle immolé le violeur de sa fille de treize ans ? Pourquoi reconnaît-on l’utilité de la violence des suffragettes, mais pas des black blocs ? Pourquoi des citoyens en viennent-ils à brûler, détruire et casser pour se faire entendre, voir, considérer ? Pourquoi certaines épouses tuent leur mari après des années de violences conjugales ?

Le patriarcat se détruit de manière littérale. En crachant, en cassant des genoux et en déversant des litres de kérosène.

 À travers les vies de plusieurs femmes qui ont employé la violence au cours des siècles, Irene déconstruit la figure de l’extrémisme pour dresser le portrait de celles qui n’ont parfois pas eu d’autre choix que de faire couler le sang pour se faire entendre.

Pour autant Irene ne fait pas l’apologie de la violence comme seule solution. En reprenant la théorie de Peter Gelderloos selon laquelle «une révolution doit être menée par diverses actions complémentaires, certaines violentes et d’autres non violentes », l’autrice défend le fait que la non-violence est un privilège qui « présume qu’au lieu de se défendre contre la violence, nous devrions souffrir patiemment jusqu’à ce que la société soit suffisamment mobilisée pour s’y opposer pacifiquement ».

Une situation inacceptable et mettant en péril la vie des personnes oppressées.

Violence oppressive contre violence défensive

« Le féminisme est une riposte, une réponse pour se défendre de la misogynie. La violence féministe est une violence défensive et non pas oppressive ». Cette idée, Irene la martèle au travers de son texte. Elle oppose ainsi la violence étatique à l’autodéfense des minorités acculées.

La Terreur Féministe est un un essai concis, mais extrêmement bien travaillé. Crayon de papier à la main, vous aurez envie de souligner certaines phrases, prendre en note des ouvrages afin de vous les procurer et googler des œuvres d’art à défaut de pouvoir aller les observer au musée.

Si je pouvais, j’achèterai dix exemplaires de La Terreur Féministe et je l’offrirais à tous mes proches pour Noël. À mes parents qui sont « contre les extrêmes » et pour qui « la violence ne résout rien ». À mes amies qui n’ont pas toujours les outils pour argumenter quand elles se font traiter de « féminazies ». À celles qui adorent la littérature féministe et qui seraient si heureuses de lire ce livre enrichissant, et à l’angle si unique. À celles qui lisent peu ou pas du tout, car bien qu’abordant une multitude de concepts, ce livre est accessible, facile à lire et entraînant.

Je vous conseillerai volontiers d’offrir La terreur féministe à vos amis, malheureusement cet ouvrage n’est pour l’instant pas réédité. Mais le savoir est fait pour être partagé.

Pour ma part, je prêterai ce livre jusqu’à que sa jolie couverture soit toute pliée, son dos usé et ses pages cornées, couvertes d’annotations.

Parce que Irène, en plus d’être une militante et activiste engagée, colleuse et autrice de talent, m’a donné ce goût du partage.

En plus de lire des dizaines de livres pour s’éduquer, elle fournit un travail pédagogique remarquable en vulgarisant des concepts et résumant des ouvrages dans ses stories Instagram. Son compte est une véritable mine d’or pour toutes celles qui voudraient en apprendre plus sur l’anarchisme, le féminisme, l’abolitionnisme carcéral, l’activisme et même la tortilla. 

A lire : Entrevue : Irenevrose, La Terreur Féministe

Mahé Cayuela
Mahé Cayuela

Étudiante en journalisme à l’Université du Québec à Montréal, franco-argentine ayant grandi en Turquie je suis passionnée de géopolitique internationale.
Sinon je suis phobique des agrumes, en particulier des citrons.

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