Dans un petit café du 11ème arrondissement de Paris, je vais à la rencontre d’Irene (à prononcer Iréné) militante, activiste et autrice. J’aperçois à travers la vitre sa chevelure rose bien reconnaissable dans la petite sphère féministe française. Nous nous saluons, moi un peu intimidée, elle souriante derrière son écran d’ordinateur. Plutôt petite, sa voix est douce et son accent espagnol tout aussi doux.
Irene, tu es espagnole et basque, aujourd’hui tu vis en France, depuis combien de temps es-tu à Paris ?
Je me suis installée à Paris il y a trois ans pour faire une licence d’arts plastiques. J’ai grandi en Espagne et j’ai fait mon lycée près de Bayonne.
D’où vient ton militantisme ?
Dans ma petite ville il n’y avait pas de groupes féministes et ça n’intéressait pas vraiment mes amies, en arrivant à Paris j’ai rejoint des groupes et ça m’a beaucoup plu. Je voulais m’investir.
Très présente sur Instagram, une action en particulier t’a fait connaître, d’où t’es venue cette idée ?
Tout vient de cette réflexion : si on arrête de mettre des serviettes les hommes vont comprend ce qu’est la précarité menstruelle. Alors je l’ai fait, je suis sortie dans la rue pendant mes règles. Les protections périodiques devraient être gratuites, mais certaines personnes refusent de payer des taxes pour un sujet qui ne les concerne pas.
Aujourd’hui à seulement 21 ans tu publies ton premier livre La Terreur Féministe, petite éloge du féminisme extrémiste. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cet ouvrage ?
J’y aborde plusieurs sujets notamment la violence dans le militantisme, des exemples de femmes qui l’ont utilisée à différentes époques à travers le monde.
Il n’y a pas de chronologie ou d’histoire à proprement parler même si j’inclus des éléments de ma vie ou de celle de mes proches. J’ai plutôt choisi de fonctionner par thème : se défendre, la politique, la violence physique ou idéologique.

Aborderas-tu l’anarchisme, sujet dont tu parles beaucoup sur ton compte Instagram?
Pas directement, mais mon féminisme et mon anarchisme sont indissociables. Bien que sourcé, ce livre est subjectif et j’y transmets ma vision. Par contre je n’explique aucun concept et ne donne pas de définitions de l’anarchisme. Il est sous entendu.
Le titre est-il un clin d’œil à Valeurs actuelles ?
Oui, cette façon de diaboliser le mouvement est une rhétorique masculiniste courante. L’écriture inclusive ou demander la PMA, ce n’est pas de la violence, tuer des femmes oui. D’ailleurs, à aucun moment je dis qu’il faut absolument être violent, chacun son choix.
Pourquoi l’auto publier ?
J’ai été contactée par une maison d’édition mais j’ai refusé le projet. J’ai bien plus de liberté de cette façon mais je ne me substitue pas au travail de professionnels. Je collabore avec une éditrice une maquettiste et une graphiste.
A qui s’adresse-t-il ?
Ce n’est pas un livre pédagogique. Il s’adresse aux femmes et personnes qui souhaitent développer leur réflexion. Je n’y donne pas de leçons, Je pose des questions plutôt que donner des réponses.
Où pouvons-nous le retrouver ?
Il est possible de le commander via la campagne de crowdfunding que j’ai lancée. Elle permet de financer l’édition bien entendu mais également de rémunérer les personnes avec qui j’ai travaillé et si possible me rémunérer moi également.
C’est pour l’instant la seule façon de se le procurer, comme je suis seule à m’occuper de ça je ne peux pas gérer les envois a des libraires ce serait trop de travail.
Je n’exclus pas la possibilité d’une réédition. Pareil pour une traduction, j’adorerais qu’il soit disponible en Espagnol et en Basque par exemple, mais ça demande beaucoup de temps et d’argent.
A quel prix pouvons-nous nous le procurer ?
Il est vendu 15 euros frais de port compris. Au départ je voulais le mettre à 12 euros mais ce n’était pas viable. Je voulais qu’il soit accessible à un maximum de gens. Je suis étudiante et je sais que tout le monde ne peut pas se permettre d’acheter un livre 18 ou 20 euros. Si possible, J’aimerai également pouvoir offrir quelques éditions à des organismes. Je veux que ce livre circule.
Quand auront-nous la chance de le lire ?
Si tout va bien en Novembre !
Le succès est-il déjà au rendez-vous ?
J’étais très stressé par la campagne de financement mais en 24h nous avons atteint 80 % des objectifs j’en suis tellement heureuse. Actuellement il y a eu plus de 2 200 commandes, j’en espérais 1 500 pour pouvoir éditer le livre.
Tu lis beaucoup et conseilles parfois des ouvrages sur ton compte, qui sont tes autrices favorites ?
Je lis, oui mais c’est très aléatoire. Parfois je lis 5 livres en une semaine et parfois plus du tout. Ce n’est pas très original mais j’aime beaucoup Virginie Despentes, la seule qui expose l’idée de la violence racontée par les femmes. J’aime également Emma Goldman ainsi que Maya Angelou qui a une écriture très différente de Despentes.
D’autres projets à venir ?
Pour l’instant je mets les actions en pause et je me concentre sur les recherches pour de futurs ouvrages. Je me renseigne beaucoup donc le prochain livre ne sera pas avant au moins deux ans. Mais sinon je publie beaucoup sur Instagram, je fais des stories sur plein de sujets comme l’anarchisme ou l’actualité. Je passe des heures et des heures à faire des recherches pour des stories qui sont lues en quelques minutes mais c’est un travail nécessaire.
As-tu toujours rêvé d’être autrice ?
J’ai encore du mal à me définir comme autrice, tant que mon livre n’est pas physiquement dans les mains de mes lectrices je préfère dire que je suis autrice en devenir. Sinon quand j’étais petite je voulais être princesse, mais c’est un peu parti en couilles !