L’essai féministe Le boys club remporte le Grand Prix du livre de Montréal

L’ouvrage de la professeure et militante féministe québécoise, Martine Delvaux, a décroché le Grand Prix du livre de Montréal, lundi 9 novembre 2020.

Martine Delvaux, autrice de Boys Club
Martine Delvaux photographiée par Hugo-Sébastien Aubert, Archives Lapresse.ca

Le boys club s’est démarqué parmi une sélection de 186 textes. Le prix, accompagné d’une bourse de 15 000 dollars canadiens, a ainsi été discerné virtuellement à l’autrice. « Je suis extrêmement heureuse et touchée qu’on m’accorde ce prix pour ce livre. […] Je considère qu’on m’accorde le droit de continuer à suivre ma ligne. Je creuse ce sillon et je veux penser le monde d’un point de vue féministe. Ce prix me dit de continuer et de ne pas lâcher », a partagé Martine Delvaux dans une interview pour Radio-Canada.

Un texte engagé

Sorti en octobre 2019 et publié aux éditions du Remue Méninge, l’essai présente les boys clubs comme suit : « Ils sont tournés les uns vers les autres. Ils s’observent et s’écoutent. Ils s’échangent des idées, des armes, de l’argent ou des femmes. Dans cet univers clos réservé aux hommes, le pouvoir se relaie et se perpétue à la façon d’une chorégraphie mortifère. Le boys club n’est pas une institution du passé ».

À travers de nombreux exemples de représentation de ces cercles de pouvoir masculins dans la culture populaire, Martine Delvaux « [nous] invite à considérer l’entre-soi des hommes comme un phénomène régressif. Un dispositif à profaner, déconstruire, refuser, parce que nos vies comptent ».

« Ma définition du boys club, c’est des hommes, le plus souvent blancs, le plus souvent un peu plus âgés, le plus souvent hétérosexuels, le plus souvent assez riches, qui fonctionnent en circuit fermé », partageait l’autrice lors de son passage dans l’émission de télé Tout le monde en parle, juste après la sortie du livre.

A lire : Oui c’est un boys club, si c’est grave

L’autrice, professeure au sein du département de littérature de l’Université du Québec à Montréal, a commencé l’écriture de son livre après l’éclatement de l’affaire de la ligue du LOL, pendant l’hiver 2019. « L’affaire de la Ligue du LOL, c’est un groupe de journalistes et de rédacteurs en chef de différents médias en France qui, il y a une dizaine d’années, avait fondé un groupe Facebook privé. Et dans ce groupe Facebook, ils intimidaient, ils humiliaient des jeunes femmes en train de devenir journalistes […] Ce n’était pas juste misogyne, c’était raciste, c’était homophobe. »

À la fois salué…

« Cet essai est une vigie », témoigne le jury du concours dans un communiqué. « Dans sa mire, il y a l’oppression patriarcale qui s’est pétrifiée en système et les comportements qui sont à l’œuvre dans une structure trop souvent invisible. […] Le boys club nous livre une déconstruction formidable par la quantité de ses exemples. L’effet pourrait être chagrin, mais l’ouvrage se clôt sur un souhait : l’invention d’une structure qui donne une place au corps de toutes et tous, qui donne une place à la vie. »

… et amplement critiqué

Dire que l’essai a fait débat à sa sortie serait un euphémisme. Après son passage dans Tout le monde en parle, en octobre 2019, l’autrice a été massivement attaquée sur les réseaux sociaux. Commentaires haineux, violence verbale, sexualisation… la liste s’allonge et Martine Delvaux a décidé d’afficher quelques-uns de ces messages pour dénoncer une déferlante de haine hallucinante. « J’en ai un peu marre de les recevoir toute seule dans mon coin », confiait-elle en entrevue à la radio.

Pour celles qui voudraient profiter davantage de la plume de Martine Delvaux, l’autrice a publié en mars 2020 le livre « Je n’en ai parlé à personne ». Ce projet, initié en 2017 à la suite d’un appel à témoignages de victimes de violences sexuelles, recense une multitude d’histoires de survivantes, dont beaucoup ont été partagées pour la toute première fois dans ce livre.

Marius
Marius

Moi c'est Marius, journaliste en herbe qui étudie le métier à l'Université du Québec à Montréal. Originaire de Touraine, j'ai aujourd'hui la chance d'étudier à l'étranger et de manger des poutines.

J'suis ton pote qui graille le dernier gâteau apéro sans scrupule, qui fait DJ en soirée et qui reproduit des TikToks un peu cringe. J'écoute jamais de podcasts mais j'aimerais vraiment en tenir un.
Pro-black, pro-queer, pro-hoe, procrastinateur et tous les autres.

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