Il y a quelques mois, je me retrouve dans un situation assez courante : impossible de faire décoller mes quatre copines de chez moi. À mon grand dam (je devais me lever à l’aube le lendemain), elles ont réussi à se connecter au Bluetooth de mon enceinte et sont tombées (pas vraiment hasardeusement) sur une des multiples playlists « plaisirs coupables » qui peuplent les plateformes de streaming musical. Et c’est à ce moment, qu’entre deux occurrences de « Toutes les femmes de ta vie » déboule « Dans ma bulle » de Diam’s.
Diam’s : des paroles toujours aussi actuelles
Je n’avais jamais vraiment prêté attention aux paroles de cette chanson, mais soudainement, elles m’interpellent. C’était il y a 14 ans et Diam’s relève déjà avec amertume « On critique les femmes en jupe / Mais t’as pas besoin de venir de la ZUP / Pour te faire traiter de pute. », cette dénonciation du « slut shaming » résonne dans mes oreilles.
Le couplet suivant n’a pas pris une ride non plus :
« L’ego a dépassé le love / Tu déambules et sous ta robe y’a comme une odeur de viol. »
Faire rimer « love » et « viol », j’y vois un coup de génie parolier. L’allitération ne fait qu’accentuer le contraste entre le sens de ces deux mots.
« J’étouffe d’un manque affectif / On ne jure que par le sexy et le fictif. » Cette phrase là, elle ne me parvient pas immédiatement. C’est en réécoutant la chanson quelques jours plus tard que j’en saisis la puissance : Diam’s touche du doigt la construction du corps féminin. Le corps féminin qui doit répondre à la norme du glamour, du sexy. Ce corps, dont l’image véhiculée par l’industrie pornographique, devient un objet de fiction, éloigné de la réalité des pratiques.
Mais c’est au moment où Diam’s rappe « La rue a bousillé nos hommes / C’est pas qu’une question d’hormones, non c’est une question d’ordre. » que la chanson prend un tour pamphlétaire. Diam’s nous désigne l’origine de la violence masculine : excluant les motifs « naturels » (les hormones, la supériorité physique), Diam’s accuse la rue, le social, le culturel. Dans la bulle de la rappeuse, les inégalités femmes — hommes sont le résultat d’un ordre établi.
J’y entends une petite incitation : si tu ne veux pas passer ta journée dans le noir, il est grand temps de changer les règles.