Dès les années 1960, un mouvement transnational voit le jour dans plusieurs pays. Il s’agit d’un renouveau de mobilisation féministe porté par une nouvelle génération de militantes née dans les années 1920 ou durant le baby-boom. Elles ont une influence politique différente puisqu’elles s’articulent, entre autres, autour des mouvements anticolonialistes, contre la guerre au Vietnam, contre l’impérialisme américain et le renouveau de l’extrême gauche.
Cette génération de féministes vit les événements de mai 1968 au sein du mouvement étudiant ou ouvrier. Pourtant, les questions féministes sont les grandes absentes de mai 68, reléguées au second plan par les associations politiques.

Le Mouvement de Libération des Femmes
Après les différentes manifestations de 1968, des militantes créent le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) qui vise à lutter contre les différentes oppressions misogynes que subissent les femmes.
La culture politique du MLF se caractérise par plusieurs points :
- La non-mixité : le MLF est un mouvement de femmes autonomes où les hommes ne peuvent pas participer. Les femmes doivent se libérer elles-mêmes.
- La philosophie du « mouvement », qui, contrairement à un parti politique, n’a pas de structure. C’est une organisation fluide.
- La sororité : toutes les femmes se rassemblent au-delà de leurs différences de classes car elles subissent la même oppression en tant que femme.
- Une culture politique qui leur est propre à travers des rituels et des gestes qui permettent de créer une identification commune comme la mise en place d’un hymne.
Les actions du MLF
Le mouvement se rend visible par des publications et des actions. En 1970, un petit groupe de femmes dépose une gerbe de fleurs à la femme du soldat inconnu. Elles organisent des manifestations publiques avec des slogans aujourd’hui célèbres comme « un homme sur deux est une femme ». Le mouvement se structure peu à peu et, toutes les semaines, une assemblée générale féministe qui se tient aux Beaux-Arts à Paris et voit affluer de plus en plus de monde.
En 1974, le MLF appelle à une grève générale des femmes pour montrer que, sans les femmes, la société ne peut plus fonctionner normalement.
Tout comme la première vague, le MLF est un mouvement très diversifié qui compte différentes tendances et différents groupes comme les groupes homosexuels ainsi qu’un mouvement pour les femmes noires.
Cette deuxième vague du féminisme se termine dans les années 1980. Centrée sur la liberté de disposer de son corps et la dénonciation du sexisme, elle va poser les bases de la troisième vague. Celle-ci commencera 10 ans plus tard et sera marquée par les questions de genre, le post-colonialisme et l’émergence du web comme outil de prise de parole.
Bibliographie
FRAISSE Geneviève, Hubertine Auclert : Pionnière du féminisme, 2007
CHAPERON Sylvie, Les années Beauvoir (1945-1970), 2000
Documentaire : Michèle Dominici, Les Suffragettes, ni paillassons, ni prostituées