TW : injures
PUTAAAAIN !
A travers le monde les français et française sont reconnus grâce à ce juron, qui ponctue toutes nos phrases. Même les québécoises s’en moquent lorsqu’elles imitent notre accent et nos expressions.
Malheureusement, comme bon nombre d’insultes, celle-ci est oppressive envers les femmes en particulier les travailleuses du sexe.
Alors comment s’en sortir pour continuer à jurer comme une charretière sans rabaisser nos paires ?
Tout d’abord, il faut comprendre nos insultes. Aujourd’hui l’usage de certains mots est parfois bien loin de leur définition première.
Lorsque je traite quelqu’un de con, je ne sous-entend pas que celui-ci est une vulve mais bien un idiot. Pourtant le mot “con” est utilisé depuis le XVe siècle, pour décrire l’appareil génital externe féminin.

Le langage est une composante de la pyramide des oppressions. Je n’apprends à personne que nous vivions dans une société patriarcale. Or, si nous évoluons dans un monde où des catégories de personnes sont considérées inférieures à d’autres, il n’y a rien d’étonnant à ce que qualifier quelqu’un de femme ou d’homosexuel soit considéré comme dégradant.
Si, de plus en plus, nous avons intégré qu’utiliser les termes pédé, tarlouze et tafiole comme des insultes était inacceptable, pourquoi est-ce si difficile de se défaire de fils de pute, enculé et connasse ?
Significations des insultes
Pour définir si une insulte est oppressive ou pas il faut savoir ce qu’elle veut dire et pourquoi on l’utilise.
Comme pour le con et tout ses dérivés connasse, connard connerie, il n’est pas toujours évident de connaître l’origine d’un mot.
Pour cela Google est ton ami mais je vais tout de même lister quelques insultes à bannir de ton vocabulaire.
Putain, pute, putasserie, renvoient directement au métier de prostituée. En aucun cas il est dégradant d’être travailleuse du sexe. On évite aussi les insultes tel que pétasse, poufiasse ou chienne : une femme se doit d’être respectée peu importe ses pratiques sexuelles.
Par ailleurs, on ne nique ni ne baise les mères de personne. Ce n’est pas gentil pour les mamans elles ne sont pas responsables des conneries pardon, mauvais comportements de leurs rejetons. On oublie donc les « je te baise ta mère » et on utilise un classique « je te pisse à la raie » à la place par exemple.
Capacitisme, validisme
Idiot, crétin, gogole, triso, cinglé, malade, fou et j’en passe. Ces insultes attaquent directement les capacités intellectuelles, physiques et psychologiques d’une personne. Les utiliser appuie et ancre le fait que les personnes atteintes de troubles mentaux ou de handicaps ont moins de valeur que les autres. Elles peuvent s’avérer très blessantes pour ces personnes.
La grossophobie est également sous entendu dans beaucoup d’insultes, il suffit d’ajouter gros ou grosses devant un mot pour en accentuer le sens : gros con, gros sac, gros tas, gros naze…

Les insultes du Capitaine Haddock : fausse bonne idée
Il peut être tentant de se tourner vers des insultes anciennes ou vers le vocabulaire fleuri du Capitaine Haddock par exemple pour remplacer nos insultes oppressives. Mais ces grossièretés ont parfois des origines racistes. Les Bachi-Bouzouk étaient des soldats mercenaires de l’armée ottomane par exemple, et les zouaves des kabyles du nord de l’Algérie exploitées par la France lors de la guerre d’indépendance.
Pour aller plus loin, voici un article listant les insultes oppressives classées par oppression ainsi que des alternatives à celles-ci : Petit liste de termes et insultes oppressives… et comment mieux faire !
Par quoi les remplacer ?
Dur dur d’exprimer sa colère ou de changer radicalement tout son vocabulaire sans oppresser personne.
Petite astuce : remplacer certains mots par des mots similaires. Fils de pute devient fils de flûte ou fils de flic par exemple. Privilégie des mots courts et facile à prononcer, il faut qu’ils puissent sortir aussi naturellement que nos insultes classiques que ce soit dans la rue quand on se fait harceler ou en dîner de famille lorsque tonton fait des blagues racistes.
Pour putain j’utilise pour ma part flutain (ça ne veut absolument rien dire mais tout est dans l’intonation je vous assure), sapristi également même si j’ai l’impression d’avoir 112 ans.
Ensuite libre à toi de créer tes propres insultes ou de reprendre celles que tu entends autour de toi.
Ma préférée : Mange mon coude. Courte, simple, imagée elle se décline à l’infini : mange tes morts (aïe), mange la merde (très québécois), mange ton slip…
Les sacres utilisés au Québec sont une bonne alternative alors on n’hésite pas à lâcher son plus beau « tabarnak osti de caliss », ça peut surprendre au début mais on s’y fait vite.
Mon langage est loin d’être parfait mais je fais de mon mieux au quotidien pour éliminer certains mots de mon vocabulaire et insulter le patriarcat en respectant mes adelphes.
Je vous laisse avec ces vidéos de chats s’insultant dont je ne cautionne pas tout le vocabulaire mais qui me fait mourir de rire lutin de bol d’air de merle !