Le féminisme dit de la première vague se caractérise par l’émergence de mouvements transnationaux qui se fondent autour des droits civils et des droits politiques. On considère généralement que cette vague agit durant la deuxième moitié du XIXème siècle jusqu’à 1930.
Les balbutiements de l’organisation du féminisme
Le mouvement féministe naît d’abord d’une convergence générale pour demander davantage de droits. Ce mouvement mixte implique aussi bien les femmes que les hommes.
En France particulièrement, un renouveau de l’opposition républicaine permet la naissance du mouvement pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Les féministes comprennent qu’elles doivent faire entendre leurs voix dans ce contexte contestataire pour s’assurer de ne pas être encore les oubliées de ce combat.
Ainsi, plusieurs organisations féministes vont se créer comme celle instituée par Léon Richer et Maria Deraismes qui créent le journal Le Droit des femmes en 1869. L’année suivante, le journal devient association et revendique la modification du code civil, le droit à l’instruction des femmes et l’égalité des salaires. C’est un lieu de fédération qui permet l’engagement.
L’avènement de la troisième République freine la réflexion sur les droits spécifiques des femmes, ce qui contribue à renforcer la mobilisation féministe.
Des mouvements similaires se déploient partout en Europe et en Amérique avec les mêmes revendications d’éducation, d’égalité au travail… Ces mouvements sont encouragés par les milieux philanthropiques : les femmes de la bourgeoisie s’intéressent à la condition des femmes modestes et pauvres.
Le problème est qu’il existe une conjoncture sociétale qui n’est pas favorable aux femmes de l’époque. En effet, même si les bourgeois seraient enclins à accorder plus de droits aux femmes, le milieu ouvrier l’est moins car il faut que la femme reste à la maison pour s’occuper des enfants.

C’est dans cette conjoncture qu’apparaît le terme « féministe » entre 1860 et 1870. Pour autant, il n’a pas encore le sens que l’on lui connaît actuellement. Utilisé de manière péjorative, il sert alors à exprimer le fait que la femme est différente de l’homme par nature et que, de fait, il ne peut pas y avoir d’égalité. Le terme « féministe » est également employé dans le domaine médical pour caractériser les hommes qui avaient des traits féminins trop marqués. Ce n’est qu’à partir des années 1880 que certaines femmes qui luttent pour la cause féministe, comme Hubertine Auclert, vont se l’approprier.
La question du droit de vote des femmes
Durant cette première vague, on retrouve également toutes les questions relatives au droit de votes des femmes, et ce, dès 1848. Cette année-là, aux États-Unis, la convention de Seneca Falls dans l’état de New York est la première du genre pour les droits des femmes. Suite à cette convention, une déclaration finale revendique le droit de vote pour les femmes et elle est signée à la fois par des femmes et par des hommes. Pourtant, cette revendication sera vite remplacée sur la scène médiatique de l’époque par la question du droit de vote de la population noire, en 1869. Il est alors très difficile pour les femmes de se faire entendre.
En 1863, Sojourner Truth – une ancienne esclave qui s’est échappée – va mettre en lumière les spécificité de la condition des femmes noires. Son discours qui répond aux objections de certains hommes pour justifier l’absence de droit de vote pour les femmes sera relayé dans plusieurs médias de l’époque. Elle pointe du doigt la condition de vie de certaines femmes qui prouve que leur nature n’est pas si différente à celle des hommes. Elle différencie également la condition des femmes noires, différente de celle des femmes blanches.
A cette époque, le débat pour le droit de vote des femmes est très compliqué aux États-Unis car la conjoncture sociétale créer des divisions fortes au sein du mouvement féministe où l’on distingue femme noire et femme blanche.
Au même moment, en France, un mouvement se regroupe autour de la figure de Hubertine Auclert. Un mouvement au départ assez isolé puisqu’il revendique en priorité le droit de vote là où les autres revendiquent l’égalité civile.
En 1883, Hubertine Auclert crée son journal Le Suffrage des femmes, entame une grève des impôts et incite les femmes à la désobéissance civile.
Lire les articles de la série :
1. Féminisme de la première vague : l’émergence d’un mouvement pour le droit des femmes (1848-1900)
2. Féminisme de la première vague : l’âge d’or du mouvement suffragiste au Royaume-Uni (1900 – 1914)
3. Féminisme de la première vague : la lutte pour le droit de vote en France
4. Féminisme de la deuxième vague : creux de la vague et renouveau du féminisme
Bibliographie
FRAISSE Geneviève, Hubertine Auclert : Pionnière du féminisme, 2007
CHAPERON Sylvie, Les années Beauvoir (1945-1970), 2000
Documentaire : Michèle Dominici, Les Suffragettes, ni paillassons, ni prostituées