Les émeutes de Stonewall : un tournant dans l’histoire LGBTQIA+

A la veille des années 70, l’affrontement entre les clients du Stonewall Inn, un bar gay New Yorkais, et la police a mobilisé des milliers de personnes à travers les Etats-Unis. Pourquoi cet événement est-il un symbole de la lutte pour les droits LGBTQIA+ ?

Stonewall Inn, Illustration par Camille Courrié
Stonewall Inn – Illustration par Camille Courrié

Quand l’homosexualité était illégale…

L’Illinois a été le premier État en 1962 à abolir sa loi contre les perversions sexuelles parmi lesquelles était comptée l’homosexualité. Être gay, lesbienne, travesti ou encore transgenre, pendant les années 60 est alors considéré comme un comportement anormal dans 49 états.

A l’époque, très peu d’établissements publics toléraient la présence de personnes homosexuelles, et les descentes policières dans les bars étaient une pratique courante, entraînant généralement des arrestations à la chaîne, et des contrôles violents (vérification des parties génitales, séparation des couples de danseurs du même sexe etc.).

… Et que les gays disent « non » pour la première fois

Emeutes de Stonewall, Marsha P. Johnson
Marsha P. Johnson & Sylvia Rivera

Dans la nuit du 28 juin 1969, après une énième descente de police au Stonewall Inn, petit bar de Greenwich Village, les altercations éclatent et dégénèrent. Certains clients « indisciplinés » sont malmenés par la police déclenchant ainsi des émeutes : cris de protestation, brutalités, incendie du bar… Ce soulèvement est initié par Marsha P. Johnson, une femme transgenre et drag queen, Sylvia Rivera une militante transgenre, et Stormé DeLarverie une lesbienne butch et racisée. L’intervention des pompiers et d’une brigade anti-émeutes est alors nécessaire pour mettre un terme aux violences.

Dès le lendemain, des tracts sont distribués devant le bar Stonewall Inn faisant appel à la manifestation. Ces tensions ont pris encore plus d’ampleur dès le lendemain et pour une durée de 7 jours au total. En quelques semaines, les résidents du quartier se sont organisés en groupes militants, mettant en place des lieux où quiconque pourrait se retrouver sans crainte d’être arrêtés.

La première marche des fiertés

Les émeutes de Stonewall ont marqué les débuts des marches des fiertés. Le 28 juin 1970, les premières Prides ont eu lieu à Los Angeles et à New York pour marquer cet anniversaire. Chaque année, le mois de juin devient le mois des fiertés afin de faire entendre la voix d’une minorité qui est oppressée. 

Les conséquences pour le mouvement LGTBQIA+ ? En quelques mois, ces activistes réussissent à faire évoluer ces manifestations en cause politique. Le Gay Liberation Front et la Gay Activists Alliance, deux groupes militants, sont ainsi créés afin de soutenir et lutter pour les droits des personnes homosexuelles. Des ralliements commémorant les événements de juin 1969 auront également lieu dans plusieurs pays au fil des ans, le Stonewall Inn sera même proclamé site historique.

Le mouvement des droits LGBT changé à tout jamais

Stonewall Inn est aujourd’hui un symbole de l’affirmation LGBTQIA+ et de leur résistance face aux abus qu’ils subissaient et subissent toujours au quotidien.

L’année dernière, la commémoration des 50 ans des émeutes de Stonewall a rassemblé 4 millions de personnes. A Paris, dans le IVème arrondissement, Anne Hidalgo a inauguré le 19 juin 2019 la Place des émeutes de Stonewall.

Aujourd’hui, et plus que jamais, des minorités se battent pour leurs droits. Des émeutes comme celles qui ont eu lieu ce 28 juin 1969 et qui sont rentrées dans l’Histoire, marquent le début de nouveaux mouvements et d’une nouvelle appréhension du monde. Se distinguant généralement par la violence de leurs démarches, on peut alors se demander si notre société impose la violence pour se faire entendre.

Qui que tu sois, tu as le droit d’exister et de vivre selon ta propre identité.

Camille Gatti
Camille Gatti

Militante depuis plus de deux ans dans la lutte féministe, je m’occupe avec Léanne de la communication de Potiches. Notre mission ? Être des cheffe d’orchestres qui appliquent et coordonnent tout ce qui est relié de près et de loin à l’image du média.
Je prête aussi quelque fois ma plume à Potiches pour la rédaction d’articles sur des sujets qui me tiennent à cœur.

À côté de ça, je travaille à Londres dans un domaine qui me passionne depuis toujours : le digital.

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