Ô mon beau consentement,
Toi que j’attends, que je chéris, que j’espère, que j’observe du coin de l’œil comme un mirage,
Toi que j’ai envie de célébrer, de fêter, de rencontrer parfois
Tu es une partie de moi, tu m’as permis de guider mes choix et de comprendre ma vraie nature.
Le consentement sexuel (mais pas que) est un combat de tout temps et qui concerne tout le monde. Alors oui, il a tendance à être encore plus présent pour la gent féminine et en ce moment, on en parle aussi beaucoup plus.
C’est un mot simple, pour une justice ordinaire. Et pourtant, le consentement est un combat de tout lieu et tout milieu social. De Simone de Beauvoir à Virginie Despentes, les notions d’agressions physiques ou verbales sont quelque chose qui reste. Certes, les mots et actes changent, évoluent, mais le traumatisme est inchangé.
Le consentement,
Le mien, trop souvent volé, bafoué, non respecté.
Le vôtre, trop souvent piétiné, camouflé, détruit.
Le nôtre, trop souvent noyé, massacré, déchiré.

La zone d’ombre du consentement
« Qui ne dit mot consent », pour qu’on en finisse avec ce proverbe. Le ni oui, ni non correspondrait à des situations dans lesquelles les personnes concernées sont dans une situation de flou. On ne connaît pas vraiment son avis, le oui comme le non ne sont pas le reflet de la pensée dans le cas présent.
En réalité, le fait de recourir à l’excuse de la zone d’ombre du consentement fait partie de la « culture du viol ». C’est d’ailleurs la bonne excuse pour tenter de justifier certains actes inexcusables et cela permet aussi d’accuser les victimes en retournant la faute contre eux ou elles.
Non, c’est non.
Alors pourquoi finalement, j’ai (et clairement, je ne suis pas la seule) envie de dire non, pas parce que je suis une chieuse comme certains pourraient dire et encore que, pas non plus parce que j’ai décidé qu’aujourd’hui plus qu’hier, il était temps d’affirmer qui je suis et qui j’ai envie d’être.
J’ai envie de dire non car ça suffit. Ça suffit de prendre le consentement comme un truc abstrait, inutile, accessoire ou même complètement inexistant. Donnons-lui ses lettres d’Or et son statut d’intouchable afin qu’on puisse, nous, en tant que personne atteinte par son non-respect, reprendre notre identité propre et ainsi avoir enfin le droit et le devoir de dire non, et cela, sans jugement.
C’est d’ailleurs le meilleur moment pour parler de consentement finalement, dans une société malade, qui impose des choix et devoirs à son peuple, qui l’enferme, le soumet à des règles au nom du bien-être commun. En 2020, le consentement devient un enjeu collectif majeur.
C’est dingue de voir les évolutions extraordinaires de l’humanité et de constater qu’un truc aussi simple est encore trop peu respecté, et surtout bien incompris pour une partie de l’humanité. Incompris, car ce n’est pas forcément en mangeant de l’infobésité h24 que le pouvoir de dire non va éclore tout seul.
Pourquoi finalement ? Qu’avons-nous loupé dans cette histoire (beaucoup de choses, je sais), pour qu’en 2020, on remette encore toutes ces choses en question : le droit à l’avortement (encore plus d’actualité en ce moment, voir l’article dessus), l’égalité des chances, la possibilité de faire valoir ses droits quand ils sont bafoués (voir le texte de loi visant à interdire les images de violences policières), l’égalité des sexes, des salaires, ou même le droit de circuler librement.
Bref des trucs basiques d’une société saine. Ah, mais oui… notre société est malsaine dans bien des points.
Mais revenons à notre mouton, le consentement ou encore le droit de dire non en tant que personne opprimée, réduite à ce statut d’acceptation de tout ou presque. L’idée que je souhaite partager ici, c’est qu’avec le temps, il est généralement plus facile d’accéder à ce non, par la force de caractère, l’âge, le statut… Mais je pense qu’il est important de rappeler qu’il ne faut pas et qu’on ne devrait pas attendre toutes ces conditions temporelles et/ou sociales pour accéder à notre droit le plus fondamental : dire NON.
J’ai bien souvent envie de dire oui, car dire oui, c’est profiter, c’est consommer, c’est avancer, mais bien souvent le fait de dire oui amène vers ce oui ultime, celui qu’on pense intemporel et sans limite, or ce n’est pas le cas. Pouvoir dire non nous permet aussi de profiter d’un oui plus honnête, franc, sincère. Ce oui reflète l’envie, c’est quelque chose qui révèle une magnifique partie de toi, il en vaut la peine.
Alors voici un petit guide non-exhaustif à suivre (ou non) pour apprendre et comprendre ce non :
- C’est ok de dire que sans consentement pas de respect.
- C’est ok de dire oui puis de changer d’avis, même juste après.
- C’est ok d’exprimer un avis et dire non ne fait pas de toi un chieur ou une chieuse, c’est affirmer une volonté personnelle, la revendiquer et l’assumer.
- C’est ok de ne pas être d’accord avec des choses, c’est normal, on a tous des personnalités différentes et c’est logique de ne pas être d’accord avec tout le monde (et heureusement).
- C’est ok de douter.
- C’est ok de se tromper, de réessayer, d’échouer et de réussir.
- C’est ok d’être seul(e) et d’en avoir envie.
- C’est plus qu’ok de s’aimer soi-même et ça fait du bien.
- C’est ok de dire que ton corps t’appartient, si t’as envie de le partager TU choisis avec qui, l’autre ne choisit jamais pour toi.
- C’est ok de t’habiller comme tu veux, y compris si t’as décidé qu’on verrait tes merveilleuses formes.
- C’est ok d’exprimer qui tu es, tu n’as besoin de personne pour être qui tu veux être.
- C’est ok d’être en colère, anxieux(se), déboussolé(e), intense, malheureux(se), euphorique, plein(e) de joie…
- C’est ok de ne pas se justifier.
- C’est ok de se prendre un vent, râteau.
- C’est ok d’écouter son corps et ses limites.
- C’est ok d’exprimer ton avis même si tu as l’impression d’être trop jeune, illégitime, pas assez intelligente, calée.
- C’est ok d’être toi.
- C’est ok de dire non.
Ces phrases sont banales, basiques, presque innocentes et faciles, mais applique les dans ton quotidien, tu pourrais avoir des surprises.
Pour aller plus loin, et si le concept du consentement t’intéresse, voici une petite sélection d’articles, podcasts, vidéos qui illustrent un peu cette carte blanche pour y amener des faits journalistiques plus précis. Si tu n’as pas aimé cet article, tu as le droit, souviens-toi, et tu peux même l’exprimer en dessous.
– MAJORITE OPPRIMEE, un film d’Eléonore Pourriat (2010)
– Podcast sur le consentement, France Culture
– Sexe sans consentement : le rôle des hommes, Les couilles sur la table, 2018
– Luttes féministes autour du consentement, Héritages et impensés des mobilisations contemporaines sur la gynécologie, 2016